L'histoire en roman(s)
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Prix Orange du Livre 2024.
12 avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome.
Des soldats en armes envahissent la villa de Sénèque, porteurs d'un ordre de l'empereur : le philosophe doit se donner la mort.
Sénèque écrit alors une ultime lettre à son ami Lucilius, dressant pour lui le bilan de sa vie. Durant quinze années, il a été le précepteur, puis le conseiller, puis l'ami de celui qui exige désormais sa mort : l'empereur Néron.
Parce qu'il vit ses dernières heures, Sénèque peut enfin tenir un discours de vérité sur son élève. Dans cet ultime moment d'introspection, le philosophe interroge la réalité du pouvoir, mais affronte aussi ses propres erreurs et sa compromission.
L'Ami du Prince raconte comment Sénèque s'est retrouvé prisonnier d'un idéal de l'Empire, de ses illusions et d'un jeune homme imprévisible dont la vraie nature s'est révélée peu à peu.
Après Vincent qu'on assassine et Un instant dans la vie de Léonard de Vinci, Marianne Jaeglé fait revivre le stupéfiant face-à-face entre un philosophe épris de vertu et un jeune tyran sans merci. -
J'ai péché, péché dans le plaisir
Abnousse Shalmani
- Grasset
- Littérature Française
- 10 Janvier 2024
- 9782246815464
Téhéran, 1955. A la suite d'une lecture de ses poèmes, le regard de Forough Farrokhzad (1934-1967), égérie des milieux littéraires iraniens qui n'a que vingt ans, est accroché par celui d'un jeune homme. Elle s'apprête à repousser les avances de Cyrus, ou la Tortue, comme elle le surnomme, et ignore qu'il va bouleverser son existence. Erudit, francophile, Cyrus lui traduit en persan les poèmes de Pierre Louÿs tout en lui racontant la vie du poète et celle de son grand amour, Marie de Régnier.
A travers celle de Marie, Forough entrevoit la vie dont elle aurait rêvé. Grâcieuse, intelligente, perverse, la fille du grand poète José-Maria de Heredia est une des reines de la très libre Belle Epoque, tout Paris se l'arrache. Elle collectionne amants et maîtresses, publie sans cesse et s'amuse dans les salons les plus prestigieux. La poétesse iranienne, elle, mariée à 16 ans à un artiste sans fantaisie, est bridée par sa famille, son militaire de père et les moeurs de son pays. Tout le monde s'épie, tout se sait. Mais Forough ne sait qu'être libre et provoque scandale sur scandale au fil de la parution de ses recueils. Elle célèbre la chair, la vie, l'émancipation et ne se renie pas. Toute son existence, Forough cheminera avec l'histoire de Marie de Régnier et de Pierre Louÿs au coeur, au point de venir à Paris avec Cyrus, sur les traces des deux amants et de leur cohorte d'amis, Claude Debussy, Marcel Proust, Léon Blum, Liane de Pougy et Nathalie Clifford-Barney. Sa mort tragique, à 32 ans, mettra un terme à son oeuvre d'une immense intensité, qui en fait sans aucun doute la plus grande poétesse de l'Iran contemporain.
Dans ce roman puissant et subtil, au rythme effréné, Abnousse Shalmani met en regard les vies extraordinaires de ces deux écrivaines qui firent toujours le choix de la passion, amoureuse, poétique ou purement sensuelle, au risque de s'en brûler les doigts. Une ode très contemporaine à la liberté artistique et à celles qui ne renoncent jamais, en Occident comme en Orient. -
« La toile vibrait de beauté. Elle en avait le souffle coupé et se noyait dans l'oeil bleu ciel piqueté de vert. Est-ce qu'elle était réellement le sosie de cette inconnue ? »
Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d'une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d'un musée d'art moderne en Italie.
Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l'histoire mouvementée de son portrait.
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l'Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants. -
Après son divorce et la mort de son père, Yann de Kérambrun décide de quitter son poste de professeur d'histoire à Paris pour retourner à Saint-Malo, où il a passé les étés de son enfance. Épuisé, il n'a plus qu'un désir : retrouver la mer et la contempler depuis la maison dont il a hérité, le long de la plage, face à l'île de Cézembre.
Mais très vite, Yann observe avec intérêt les impressionnantes archives de sa famille dans l'ancien bureau d'Octave, son arrière-grand-père. Irrésistiblement attiré par ces carnets, véritables journaux de bord, il se plonge dans leur lecture. Octave, qui rêvait de dompter la mer en concevant de nouveaux bateaux à moteurs, a fondé au début du XXe siècle une illustre compagnie maritime, Kérambrun & Fils. L'entreprise a contribué à la fortune de la ville et son fondateur en est devenu un des principaux notables. Pourtant, derrière l'image brillante de grand capitaine d'industrie s'esquisse rapidement un autre visage : le patron génial, visionnaire était un père et un époux inquiet, un homme qui a traversé des drames et dont les doutes et les blessures semblent faire écho à celles de son arrière-petit-fils. Pourquoi ? Quelles douleurs, quels secrets taisent les carnets d'Octave ?
En plongeant dans la vie de son aïeul, son arrière-petit-fils va tenter de comprendre les failles qui lézardent la légende familiale. Ce faisant, il découvrira l'histoire tourmentée de Cézembre, une île microscopique mais à la position stratégique face à la ville. En éclairant le passé, en apprivoisant les éléments maritimes, le solitaire Yann de Kérambrun parviendra à adoucir le présent et, peut-être, à vivre à nouveau les sentiments qu'il fuyait.
Au fil de pages magnifiques qui sont autant de tableaux de cette côte bretonne à la beauté aussi envoûtante qu'inquiétante, l'époustouflante saga d'une famille malouine dont la mer a fait la fortune et le malheur. -
Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l'ordre SS et à leurs mères "de sang pur" un cadre harmonieux. La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s'être éprise d'un soldat allemand, trouve là un refuge dans l'attente d'une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu'ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l'organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l'abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu'à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?
Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l'Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes. -
Février 1944, à Asti, dans un Piémont occupé par les nazis. Cesco Magetti, un jeune soldat sans histoires, membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire, se voit confier une bien curieuse mission : établir en une semaine une carte des chemins de fer du Mexique. Un ordre qui viendrait des hautes sphères du Reich, inexplicablement parvenu jusqu'à lui. Tilde, rêveuse bibliothécaire dont il tombe aussitôt amoureux, lui suggère un ouvrage qui pourrait l'aider. Mais le livre est en prêt et circule de main en main tel un insaisissable furet. Se tisse dès lors une narration tentaculaire, celle d'un roman-monde, émouvant et enjoué, où l'ironie sert toujours de rempart au désespoir.
Puisant dans les registres les plus divers, avec une richesse langagière impressionnante, Gian Marco Griffi nous emmène de l'Italie au Mexique, en passant par l'Allemagne nazie, dans un roman picaresque virevoltant et d'une folle originalité. -
Dans la maison de mon père
Joseph O'Connor
- Éditions Rivages
- Littérature étrangère
- 3 Janvier 2024
- 9782743662219
Inspiré de l'histoire vraie de Hugh O'Flaherty, le prêtre irlandais rattaché au Vatican qui a défié les nazis et sauvé plus de 6000 juifs et soldats alliés de l'enfer de Rome en 1943, « Dans la maison de Mon Père » est un thriller littéraire de premier ordre. A la manière d'Hilary Mantel, Joseph O'Connor mêle histoire et fiction dans un véritable tour de force narratif, un récit haletant à l'intrigue parfaitement ficelée. A travers le destin et les choix courageux de personnages aussi attachants qu'inspirants, il rend un superbe hommage à ceux qui ont su suivre leurs convictions dans les temps les plus troubles.
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Les peuples asservis perdent un bien plus précieux que leur liberté : ce qu'on appelait jadis leur âme, ce qu'on nomme aujourd'hui leur identité.
Au XVIIIe siècle, pour fuir la domination des Turcs, des milliers de Serbes émigraient dans l'empire voisin, l'Autriche. Mais beaucoup d'entre eux rêvaient d'une terre plus lointaine, slave et orthodoxe comme la leur, où ils pourraient refaire leur vie : la Russie.
Migrations est le roman de cette diaspora. C'est aussi le poème de toutes les espérances et de toutes les nostalgies, le chant des patries perdues et des paradis qui se dérobent.
Au-delà de l'anecdote historique, un sentiment de profonde mélancolie parcourt le livre, lui donne une dimension universelle. Du malheur de notre condition, Tsernianski ne conclut pas à l'absence de dieux. Au contraire, une divinité perfide, qu'il nomme le hasard comédien, semble se jouer cyniquement du sort des individus et des peuples. Il n'y a pas d'Orient salvateur. La terre promise n'existe pas.
Il faut lire Migrations comme on lit Melville ou Tolstoï, en se laissant porter par le flux des mots, la houle des phrases, le rythme sourd, obsédant, qui ponctue cette grande fresque romanesque. -
Prix Transfuge du roman européen 2024.
En 1941, le directeur du crématorium de Moscou, Piotr Nesterenko, est arrêté. Il sait mieux que personne ce qui arrive aux victimes des Grandes Purges staliniennes. Opposants, espions présumés, anciens héros de la révolution, tous victimes des répressions - il les a tous incinérés. Au fil des interrogatoires successifs, il doit répondre de sa vie tumultueuse : officier de l'Armée blanche qui a fui les bolcheviks jusqu'en Ukraine, survivant d'un accident d'avion, émigré à Istanbul puis à Paris, amoureux fidèle à la passion de sa jeunesse... Un jeu du chat et de la souris commence entre le prisonnier et son commissaire-enquêteur, brouillant les cartes entre le bourreau et la victime, la justice et le mensonge, le bien et le mal.
Sacha Filipenko entrelace avec virtuosité les documents historiques et la fiction ; maniant une ironie glaçante, il raconte une histoire macabre, folle et fascinante, depuis l'intérieur d'un État totalitaire.