Regarder très loin, vers des cultures très différentes avec les éditions Dépaysage
-
Au soir de sa vie, grand-mère (kukum, en langue innue) depuis longtemps déjà, Almanda Siméon se retourne sur son passé et nous livre son histoire, celle d'une orpheline québécoise qui tombe amoureuse d'un jeune Amérindien puis partage la vie des Innus de Pekuakami - le majestueux lac Saint-Jean, au Québec -, apprenant l'existence nomade et brisant les barrières imposées aux femmes autochtones.
Centré sur le destin singulier d'une femme éprise de liberté, ce roman relate, sur un ton intimiste, la fin du mode de vie traditionnel des peuples nomades du nord-est de l'Amérique et les conséquences, encore actuelles, de la sédentarisation forcée. Son auteur Michel Jean, descendant d'Almanda Siméon, est un journaliste connu et reconnu au Québec. -
Deux personnages qui narrent leur propre histoire, Elle et Lui. Elle, se remémore sa jeunesse, passée entre les lacs et les forêts de son territoire ancestral, le Nitassinan, jusqu'à son mariage qui la conduit à quitter les siens et à s'installer en ville. Lui, journaliste à Montréal, vient se recueillir sur sa dépouille à elle, et s'interroge sur son identité, car l'Indien, lui dit-on, il l'a en lui. Elle, c'est Jeannette, la fille d'Almanda et Thomas. Lui, c'est son petit-fils, Michel. Dans le sillage de Kukum, et avec la même sincérité, cet émouvant dialogue à travers le temps et l'espace redonne vie aux riches heures de la culture innue et questionne son devenir actuel.
-
Nitassinan, août 1936. Sur ordre du gouvernement canadien, tous les jeunes Innus sont arrachés à leurs familles et conduits à plus d'un millier de kilomètres, dans le pensionnat de Fort George, tenu par des religieux catholiques. Chaque jour, les coups pleuvent : tout est bon pour « tuer l'Indien dans l'enfant ».
Montréal, 2013. L'avocate Audrey Duval recherche des survivants. Dans une réserve de la Côte-Nord, elle rencontre Marie, une vieille Innue, qui va lui raconter tout ce qui s'est passé à Fort George, les violences au quotidien, mais aussi l'amour et l'amitié.
Un roman d'une grande sensibilité qui dévoile un pan méconnu de l'histoire des Amérindiens du Québec, par l'auteur primé de Kukum. -
Des environs de l'an mil à 1829. Neuf siècles durant, la vie et la mort de quelques milliers de femmes et d'hommes établis sur l'immense île de Terre-Neuve, au Canada. Une fresque historique grandiose, sensuelle aussi, nourrie de mythes et de spiritualité. Depuis le périple fondateur d'Anin jusqu'à la disparition de Shanawditith, la dernière de son clan. Explorer le territoire, chasser et se vêtir, se battre, aimer et mourir, en suivant à perpétuité, croyait-on, le cycle des saisons. Car avec l'arrivée des colons européens commence la lente agonie d'un peuple aujourd'hui entièrement disparu : les Béothuks.
-
Partir, c'est mourir un peu. Ou renaître absolument. Depuis des semaines, d'étranges songes habitent les nuits de Victoria. Il lui faut revenir chez elle pour faire la paix avec son âme et libérer celle de son aïeul, un chasseur disparu en forêt vingt ans auparavant. Avec l'aide des siens, guidée par un vieux chaman aveugle, Victoria suit les traces laissées jadis pas son clan, au coeur d'un territoire, le nord du Québec, où humains et non-humains vivent en harmonie. Une quête âpre, qui amènera la « fille du pont » aux frontières du monde des esprits.
Dans une langue délicate, souvent poétique, Ourse bleue rend un vibrant hommage à une culture millénaire, celle des Cris de la baie James. -
Quand je me regarde
Dans ce miroir colonial
À l'image de l'Indienne
Se substitue celle de la femme
Qui écrit
Se tient debout Et rêve en prose
Poésie engagée, pour dire la toundra majestueuse et la culture immémoriale, pour contrer l'histoire oublieuse et, malgré tout, tendre une main solidaire. Poésie enragée, pour hurler la douleur d'un peuple spolié, ses femmes offensées et ses enfants à jamais perdus. Solitaire au coeur de Montréal ou parée d'aurores boréales, jaillit ici la parole fière et résolue d'une enfant du lichen. Puisse sur le territoire s'asseoir la vérité. -
J'achève mon exil pour un retour tremblant
Natasha Kanapé Fontaine
- Dépaysage
- 7 Juin 2024
- 9782902039593
Les bouleaux blancs
grandissent toujours
les fleuves nous emportent
d'un monde à l'autre
sentiers et feuilles mortes
aurores boréales café
pages frontières
perlage blanc
et rouge
ishinakuan
pakushenitamun
la loi avec les Indiens.
Marcher le territoire ancestral des Innuat. Le parler. Son immensité, sa beauté à pleurer, sa dureté aussi. Y retrouver ses origines. Avec force et fierté, les confronter au monde hostile des forêts citadines. Accepter encore les souffrances, les hurler même. Pardonner, mais ne pas oublier ; offrir aux gens de bonne volonté un chant de paix. Faire nôtres les luttes de la poète. Et, tremblants comme elle, accueillir l'exilée. La vie est un cercle. -
« - C'est quoi une poule des prairies ?
- Un oiseau. Une espèce de petite dinde obèse.
- C'est gracieux ?
- Ça vole pas, mais ça se déhanche en masse. »
Recrutée à la hâte pour faire une tournée en Europe, une improbable troupe de danseurs et de danseuses autochtones - une jolie fille aguicheuse, sa tante arthritique et bigote, un cowboy solitaire sentimental et un jeune voyou écervelé - doit honorer des engagements pris par d'autres. Évidemment, rien ne se passe comme prévu et le voyage tourne au burlesque. Mais le rire est une arme : derrière le vaudeville pointe une satire sociale où « l'Européen » et « l'Indien » (on est en 1972) en prennent chacun pour leur grade. Truculent. -
« Je ressens une profonde compassion pour toute personne prise dans une situation où la sortie de secours apparaît comme évidente à tout le monde sauf à elle. Les rêves sont si importants dans la vie, mais parfois, le fait de les poursuivre aveuglément mène à la perte de son âme. »
Une vie majuscule. Celle d'une enfant du nord des Prairies canadiennes, qui grandit au sein d'une famille pauvre et aimante ; puis celle d'une mère démunie, à Vancouver, aux prises avec la prostitution et la drogue, mais qui jamais n'abdique. La vie d'une figure illustre des luttes autochtones, un parcours entre ombre et lumière, qui nous ouvre à l'âme d'une femme forte et à celle de son peuple, méconnu, les Métis. -
Que reste-t-il quand il ne reste plus rien ? Quand le présent nous échappe et que l'avenir est incertain ? Scruter le passé, proche et lointain ; remonter le fil du temps. C'est la voie qu'explore, non sans humour, Émeraude, biologiste en mission en Arctique, lorsqu'elle apprend que l'humanité a presque entièrement disparu.
Roman scientifique, où comme chez Jules Verne l'océan est un sanctuaire et l'océanographie une philosophie. Roman polyphonique, où les voix des femmes et des hommes se mêlent à celle d'une baleine deux fois centenaire. Roman généalogique, où les paroles des ancêtres offrent aux rares vivants une issue à l'apocalypse. Et, peut-être, la possibilité d'un monde nouveau. -
« Il fallait faire payer ces lâches qui s'étaient mis à plusieurs pour lui infliger cette blessure. Oui. Il fallait se venger, mais d'une façon différente. À la façon du chasseur. »
Un soir comme un autre, dans un petit village de coupeurs de bois, au nord de la rivière Gatineau. Une beuverie. Des Blancs s'en prennent à un Algonquin. Lui tranchent la main. Réfugié et soigné en forêt, il élabore un plan pour punir ses bourreaux. Puis l'exécute méthodiquement. Il ne peut en être autrement : il s'appelle Minji-mendam, « Celui qui se souvient longtemps ».
Inoubliable roman de la dépossession coloniale et de la violence raciste, Bras coupé est la première fiction écrite en français par un Autochtone du Québec. -
Un roman comme un voyage. Où l'on quitte le Montréal festif des étudiant·e·s pour gagner les forêts, les lacs et les rivières de Nitassinan, en passant par Vancouver, Mexico et Pessamit. Où l'art révèle, à chaque étape, la beauté millénaire des cultures autochtones et leur souveraine indocilité. Un roman comme une initiation. Où le rêve est une dimension du réel, et le territoire une matrice. Où, avec l'aide des esprits, on trace sa voie. Un roman comme une réparation. Où l'on affronte un passé qui ne passe pas. Où la fille peut être la mère de sa mère, et aussi une jeune femme apaisée et amoureuse et puissante.
-
C'était une époque où l'écriture n'existait pas, où les heurs et malheurs du quotidien étaient consignés dans la tête des anciens. Gardiens du temps, ils étaient archivistes du territoire, qu'ils sillonnaient saison après saison et dont ils connaissaient chaque rivière, chaque montagne. Ces récits du vieux chasseur Mathieu Mestokosho ont été collectés par l'anthropologue Serge Bouchard en 1970. Ils concernent la dernière génération des Innus à avoir passé leur vie entière dans le Nitassinan, confrontés, de campement en campement, du lac Brûlé à la rivière Saint-Jean, aux incommensurables forces de la nature. Mémoires d'une humanité nomade révolue, ils ont une valeur documentaire inestimable.
-
Quelque part au nord du monde. Le froid, la faim. Un campement attaqué, des chiens éventrés. Un ours devenu fou. L'expédition punitive tourne mal, le sang rougit la banquise. Un jeune chasseur armé d'un simple harpon se retrouve seul à suivre les traces du redoutable carnassier. Mais en vérité, qui traque qui ?
Rédigé dans une langue sobre, d'une rare intensité, Kamik est l'histoire cruelle de cette chasse au long cours, à la fois haletant récit d'aventures et quête initiatique. C'est aussi le tout premier roman écrit par un Inuit du Canada, un geste d'une portée historique et sociale considérable. Traduit fidèlement depuis l'inuktitut, Kamik est un classique de la littérature autochtone nord-américaine.
Markoosie Patsauq est un écrivain inuit du Canada, né en 1941 dans la toundra près d'Inukjuak (Nunavik), au sein d'une famille semi-nomade, à une époque où le mode de vie traditionnel est encore possible. Il devient pilote d'avion, se fait connaître dans le monde entier par ses textes de fiction et ses autres écrits, puis joue un rôle politique en tant que leader communautaire. Il est décédé en mars 2020. -
Un roman atypique. Sur la vie. Au jour le jour. Les joies et les peines d'une petite communauté de l'Arctique canadien. On y apprend à construire en toute hâte un iglou, à repérer la glace traîtresse, à chasser l'ours avec des chiens de traîneau, à préparer de la viande séchée de phoque, à interpréter les signes de la présence de Tuurngaq, un esprit auxiliaire de chamane que n'aiment guère les premiers missionnaires chrétiens. Surtout, une expérience rare est ici offerte, celle de voir le monde singulier des Inuit avec les yeux de l'héroïne, Sanaaq. Une femme qui, à l'image de l'auteure du roman, écrivaine analphabète et docteure sans cursus scolaire, ne s'en laisse jamais conter...
-
Les frères Okimasis sont des enfants de la toundra. Nés nomades dans l'extrême nord du Manitoba, arrachés à leur famille et envoyés dans un pensionnat catholique du Sud lointain, Champion et Ooneemeetoo, rebaptisés Jeremiah et Gabriel, apprennent à avoir honte d'eux et des sévices que les prêtres leur font subir. Grandissant loin des leurs et de leur culture, mais protégés toute leur vie durant par la mystérieuse « Reine blanche », c'est dans les arts qu'ils s'accomplissent, l'un devenant musicien, l'autre danseur. En partie autobiographique, ce roman épique, porté par une langue aux accents de réalisme magique, mêle avec un rare talent les rêves, l'histoire et la mythologie du peuple cri.
-
Kitchike, une réserve fictive où se côtoient des personnages hauts en couleur, tels Noé, vieux farceur à la vessie capricieuse, Roméo, chamane, et son meilleur ennemi Albin, curé émérite, ou encore madame Paul, logorrhéique caissière au Gaz Bar.
Drôles, absurdes ou poétiques, les brefs chapitres de ce roman composent une satire douce-amère des communautés autochtones du sud du Québec, car à Kitchike, fruit du plus ancien gang bang colonial que la terre ait connu, la justice et la vérité sont des rêves trop lourds à porter. Dans une langue inventive, chatoyante, Louis-Karl Picard-Sioui, membre du clan du Loup du peuple Wendat, donne vie à un Clochemerle amérindien plus vrai que nature. -
« Comme la vengeance demande de l'énergie et du risque, il faut faire des choix. On ne peut pas punir tout le monde. On ne peut pas éliminer tout le monde, même si, à un moment ou un autre, ils finissent tous par vous taper sur les nerfs. Mais on peut se faire plaisir. »
Peut-on avoir de bonnes raisons de tuer son prochain et, pire encore, de s'en réjouir ? Selon la narratrice de ce roman, une jeune femme discrète au visage angélique, cela ne fait aucun doute. Le plus dur, pour nous, c'est de ne pas être d'accord avec elle... -
« Je tirais mon pouvoir des montagnes et j'ai choisi de vivre dans le désert. » Dans ce texte coup de poing, Terese Marie Mailhot, membre de la Première Nation de Seabird Island, en Colombie-Britannique, parle de son enfance sur la réserve, du lien qui l'unit à sa mère et à ses fils. De son père abuseur. De son mari et de leur amour impossible et nécessaire. De la haine de soi, aussi. Et, surtout, de l'incroyable capacité à renaître au monde. Considérée par la presse outre-Atlantique comme « l'une des oeuvres canadiennes les plus importantes de notre siècle », Petite femme montagne est un hommage à la résistance, souvent silencieuse, des femmes autochtones aux violences qui leur sont faites.
-
Non, les Amérindien·ne·s du Canada ne montent pas toutes et tous à cheval, ni ne vivent dans un tipi ou un un wigwam. Et, oui, beaucoup ont le français en partage, tel·le·s les dix auteur·e·s de ce recueil, d'origine indue, huronne-wendat, métisse et crie.
Au-delà de leur appartenance communautaire et quel que soit le chemin fictionnel emprunté, elles et ils poursuivent le même objectif : se réunir -amun, en langue innue, signifie « rassemblement » - pour qu'on accède, le temps d'une nouvelle, à des mondes inconnus de la plupart d'entre nous.
« Ce n'étaient pas des mondes parfaits. Mais c'étaient nos mondes », écrit Michel Jean qui a dirigé et contribué à ce florilège. Le ton paraît nostalgique ? Ne nous y méprenons pas : ces nouvelles sont la preuve que les cultures autochtones d'Amérique du Nord sont bel et bien vivantes, malgré les offenses qu'elles ont subies - et subissent encore. Sur la plage de sable clair se distingue toujours nettement la poignée de terre rouge.