Les incontournables de la rentrée littéraire
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Avril 2022. En arrivant un soir chez sa mère, Julia Deck trouve celle-ci étendue sur le sol de la salle de bains, victime d’un accident cérébral. Selon les médecins qui la prennent en charge, ses chances de survie sont infimes. Commence alors une longue attente, faite d’angoisse et d’espoir de convalescence, à travers le dédale des établissements de soins, sur fond de crise hospitalière. En parallèle, Julia Deck raconte la vie de cette femme, issue d’une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s’est élevée socialement, est venue vivre en France, tout en restant marquée par son milieu d’origine et en continuant d’entretenir avec sa famille d’Angleterre un rapport étroit, complexe. Car au milieu de cette histoire Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret – une tache aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation seule sa mère, précisément, pourrait répondre.
Un texte splendide sur les liens entre les mots et la vie, qui est aussi un geste d’amour bouleversant d’une fille envers sa mère. -
Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l'histoire terrible d'un pays qui s'essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l'humanité, paradoxale, aimante, vivante. -
"Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir.
Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs."
La voix sensible de Maylis de Kerangal nous entraîne dans cette enquête intime habilement tressée de récits et de mémoire.
Illustration de couverture : photo de l'autrice -
"Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l'histoire d'une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant."
Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d'indépendance, qu'elle n'a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu'elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix.
Son histoire, elle ne peut la raconter qu'à la fille qu'elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l'a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.
C'est avec une précieuse et juste douceur que Lola Naymark redonne la voix à cette courageuse femme, Aube.
Couverture : D'après photo © Raymond Depardon / Magnum Photos -
« Aux confins de la Louisiane, une île porte le prénom de mon père.
Chaque jour, elle s’enfonce un peu plus sous les eaux. »
Il a fallu que son esprit vogue jusqu’à l’Isle de Jean-Charles pour qu’elle se retrouve enfin face à son père. Qui est cet homme à la présence tranquille, à la parole rare, qui se dit sans mémoire ? Pour le découvrir elle se lance dans un projet singulier : lui rendre ses souvenirs, les faire resurgir des objets et des paysages.
Le premier lieu à arpenter est l’atelier où il a amassé toutes sortes de curiosités, autant de traces qui nourrissent l’enquête sur ce mystère de proximité : le temps qui passe et ces grands inconnus que demeurent souvent nos parents. Derrière l’accumulateur compulsif, l’archiviste des vies des autres, se révèlent l’homme enfant marqué par la guerre, l’artiste engagé et secret. Peu à peu leur relation change, leurs écritures se mêlent et ravivent les hantises et les rêves de toute une époque.
À travers cette géographie intime, Hélène Gaudy explore ce qui se transmet en silence, offrant à son père l’espoir d’un lieu insubmersible – et aux lecteurs, un texte sensible d’une grande beauté.
Née en 1979 à Paris, Hélène Gaudy a étudié à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Autrice de plusieurs romans, elle a également publié des ouvrages pour la jeunesse et des livres d’art. Elle est membre du collectif Inculte et vit à Paris. -
Années 1990, sur la côte basque. Trois adolescents, Paul, Simon et Idoya, nouent une amitié indéfectible autour d’une même passion : l’écriture. Mais cette vocation partagée va les conduire vers des destins aux antipodes. Les aventures de la création, les désillusions et les amours contrariées composent une fresque vertigineuse qui voit trois vies d’écrivains se déployer jusqu’au milieu du XXIe siècle.
Né à Bayonne, Xabi Molia est cinéaste et écrivain. Il est l’auteur de neuf livres dont Des jours sauvages (Seuil, 2020). Avec La Vie ou presque, il signe un magnifique roman sur le pouvoir des livres et la recherche du bonheur. -
Ce que je vois quand je regarde la photo de cette petite fille à l'aube de ce siècle nouveau, c'est qu'elle ne sait rien encore de ce que le monde va lui apprendre, et qu'être une petite fille est pour elle une joie parce que ça veut dire pouvoir devenir Britney Spears et que Britney Spears pour elle alors, c'est chanter et danser, c'est être dans son corps, sans crainte et sans distance, se sentir très vivante, c'est se tenir, très loin de la peur mais.
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Vous ne la connaissez pas, pourtant elle a tenu le monde entre ses mains. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Gertrude Bell a dessiné les frontière de l'Orient, dans ce désert sauvage où tout a commencé : le pays entre deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate.
Aventurière, archéologue, espionne, parlant l'arabe et le persan, elle fut la première femme puissante de l'Empire britannique, mais aussi une héroïne tragique. Idéaliste comme son ami et frère d'âme Lawrence d'Arabie. Impérialiste et courageuse comme le jeune Winston Churchill. Enfant aimée et incomprise d'une riche famille victorienne. Amoureuse éperdue. Et une énigme pour nous : celle des femmes que l'Histoire a effacées.
Olivier Guez lui rend sa gloire et nous offre une épopée flamboyante : de la découverte de gigantesques gisements pétroliers aux jeux de pouvoir cruels entre Britanniques, Français et Allemands, des négociations sous les tentes bédouines aux sables de Bagdad où se perdent nos rêves.
Le roman de Gertrude Bell dessine la vaste freque de la première mondialisation, quand le plus grand empire de tous les temps s'approprie une contrée mythique et maudite, terre d'Abraham, du déluge et de Babel, tombeau d'Alexandre le Grand : la Mésopotamie. -
Les Derniers Jours du parti socialiste
Aurélien Bellanger
- Seuil
- Cadre rouge
- 19 Août 2024
- 9782021571172
Début du XXIe siècle. Deux philosophes que tout oppose rêvent de prendre d’assaut la République des Lettres. Un apparatchik de seconde zone, agitateur d’idées au Parti socialiste, a lui pour obsession de sauver la République française. Alors que la publication de caricatures par un journal satirique déclenche une crise géopolitique inédite et une succession d’attentats, ces trois ambitieux créent un mouvement secret qui va entraîner le pays vers un destin imprévisible.
Aurélien Bellanger construit de livre en livre une Comédie humaine des temps modernes. Après les récents succès de Téléréalité ou du Vingtième Siècle, et Le Musée de la jeunesse dans la collection « Ma nuit au musée », il retrouve ici son sujet de prédilection, la politique, en faisant le portrait sans concession des errements de la gauche. -
« Sa voix était miel et poison, sang et lait. Joseph l'aurait reconnue parmi des millions. Il savait que si Anima, un jour, lui demandait quelque chose avec cette voix - si elle lui demandait quoi que ce soit -, il serait incapable de refuser. »
À la mort de son père, tombé au champ d'honneur, Joseph Portedor emménage avec sa mère sur l'île de Tounis, à Toulouse. Le garçon est d'une sensibilité extrême. D'une pression de la main, il peut deviner une grossesse, un coeur qui s'épuise, la composition d'un objet, son histoire. On se passe le mot. Il consulte le samedi dans un bordel où sa mère fait le ménage.
Et il y a sa voisine du dessous : Anima Halbron, une juive. Elle a des oreilles de lutin et une langue venimeuse.
Son père lui a appris à jouer Schumann. Quand Joseph la rencontre, il a beau n'être qu'un enfant, sa vie bascule.
Il la protégera coûte que coûte.
Dans cette fresque baroque qui nous entraîne de la Première à la Seconde Guerre mondiale, Guillaume Sire nous conte avec générosité et tendresse une histoire d'amour impossible entre un homme que tout blesse et une femme que rien n'atteint. -
Quand Tass était enfant, les adultes lui ont raconté l'histoire de sa terre à plusieurs reprises et dans différentes versions. Malgré tous ces récits, Tass n'a jamais bien su où commençait l'histoire des siens. Comme elle n'a jamais réussi à expliquer la Nouvelle-Calédonie à Thomas, son compagnon resté en métropole. Aujourd'hui, elle est revenue à Nouméa et a repris son poste de professeure. Dans l'une de ses classes, il y a des jumeaux kanak qu'elle s'agace de trouver intrigants, avec leurs curieux tatouages : sont-ils liés à un insaisissable mouvement indépendantiste ? Lorsqu'ils disparaissent, Tass part à leur recherche, de Nouméa à Bourail - sans se douter qu'en chemin c'est l'histoire de ses ancêtres qui lui sera, prodigieusement, révélée.
Le destin de Tass croise celui de l'archipel calédonien et Alice Zeniter, avec une virtuosité romanesque remarquable, met en scène son passionnant visage contemporain, à l'ombre duquel s'invite, façon western, son passé pénitentiaire et colonial. -
À l'aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l'un en face de l'autre et s'épient en cachette. Rien ne semble les relier - elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu'ils se rencontrent enfin, le charme opère et l'histoire d'amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. Ils ont la vie devant eux et, même si leurs rêves et leurs milieux divergent, ils sont convaincus que leur amour résistera à l'épreuve du temps.
Mais qu'en est-il vingt ans plus tard ? Une fois que le couple s'est embourgeoisé, qu'il se débat avec un fils tyrannique, que le désir s'éteint à petit feu et que les rêves s'oublient ? L'achat d'un appartement sur plan devient alors le révélateur de tous les désaccords entre Elizabeth et Jack. Au fond, étaient-ils faits l'un pour l'autre ?
Bâti avec de malicieux va-et-vient dans le temps, Bien-être est la fresque épatante d'un amour dont le décor, Chicago, perd son âme à mesure que les sentiments s'abîment. Nathan Hill y décortique le couple et l'état de la middle class avec un panache, une ingéniosité et un humour irrésistibles. Du grand roman américain au souffle palpitant. -
À 27 ans, Miranda aimerait bien se dire que ses parents lui ont transmis leur joie de vivre mais elle est incapable de supporter les arrangements du monde adulte avec la souffrance et l'injustice. Son père, Armand, s'est toujours interrogé sur l'étrangeté de sa fille, depuis toute petite dotée de facultés paranormales. Elle lit dans les pensées d'autrui, souffre de dédoublements. Ce monde magique, bizarre, de l'enfance la protégeait, mais il va se retourner contre elle. Elle devient fascinée par le « Club des 27 », formé par ces artistes du rock morts à l'âge de 27 ans comme Jim Morrison, Kurt Cobain, Amy Winehouse... Des événements étranges vont se précipiter dans la vie de Miranda, avec la malédiction d'être parasitée par les pensées et les émotions d'autrui. Elle se souvient d'un voyage à Berlin, chez ses grands-parents maternels, où elle tente de percer le mystère de Bonnie, présence fantomatique d'un bébé qu'aurait eu sa mère avant elle. Tout se passe comme si un terrible compte à rebours s'était enclenché. « Pourquoi avons-nous refusé de voir l'étrangeté de Miranda ? » demande Armand. Comme si nous étions incapables de voir la détresse que la société impose à ses propres enfants, et le divorce générationnel devant l'état du monde.
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" TTT - Un superbe premier roman. " Télérama
" Ce livre raconte la France occupée et c'est brillant." Le Parisien
" Dans ce premier roman, historique evidemment, P.Collin trouve le ton et mieux encore." La Tribune du Dimanche
" P.Collin nous embarque, avec un indeniable talent de conteur, dans le quotidien d'un théâtre de masques." Le Figaro
Juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Partout, le couvre-feu est de rigueur, sauf au grand hôtel Ritz. Avides de découvrir l'art de vivre à la française, les occupants y côtoient l'élite parisienne, tandis que derrière le bar oeuvre Frank Meier, le plus grand barman du monde.
S'adapter est une question de survie. Frank Meier se révèle habile diplomate, gagne la sympathie des officiers allemands, achète sa tranquillité, mais aussi celle de Luciano, son apprenti, et de la troublante et énigmatique Blanche Auzello. Pendant quatre ans, les hommes de la Gestapo vont trinquer avec Coco Chanel, la terrible veuve Ritz, ou encore Sacha Guitry. Ces hommes et ces femmes, collabos ou résistants, héros ou profiteurs de guerre, vont s'aimer, se trahir, lutter aussi pour une certaine idée de la civilisation.
La plupart d'entre eux ignorent que Meier, émigré autrichien, ancien combattant de 1914, chef d'orchestre de cet étrange ballet cache un lourd secret. Le barman du Ritz est juif.
Philippe Collin restitue avec virtuosité et une méticuleuse précision historique une époque troublée. À travers le destin de cet homme méconnu, il se fait l'oeil et l'oreille d'une France occupée, et raconte l'éternel affrontement entre la peur et le courage.
Producteur sur France Inter, auteur d'essais et scénariste de bandes dessinées, Philippe Collin est l'auteur de podcasts très suivis consacrés à Léon Blum, Napoléon, Simone de Beauvoir, Philippe Pétain ou encore aux Résistantes. Le Barman du Ritz est son premier roman.
Prix Maurice Druon 2024