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Littérature
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Cambrai 1917. Sur un champ de bataille, John, un soldat, gît à terre à la suite d'une explosion, incapable de bouger ou de sentir ses membres. Il voit ses souvenirs défiler avant de s'évanouir dans une tempête de neige.
Nord du Yorkshire 1920. John revient de la guerre vivant mais amputé d'une jambe. Il retrouve sa femme Helena, une artiste. Il reprend son activité de photographe et s'efforce de continuer à vivre. Mais le passé fait irruption avec insistance dans le présent, alors que des fantômes apparaissent sur des clichés, des visages qu'il ne se souvient pas avoir photographiés.
Ainsi commence un récit sur quatre générations, une série d'histoires interconnectées sur près d'un siècle, tissant un texte pareil à un morceau de musique dont chaque mouvement répéterait un certain nombre de motifs, et ses variations : les liens qui unissent les êtres, dans la vie comme dans la mort ; la fugacité de l'existence ; la différence entre savoir et comprendre ; l'art comme une forme d'amour. -
Après de grandes pertes, la mémoire menace de disparaître. Le langage se fractionne. La page blanche se confond aux draps du lit, « la mer inonde notre regard ». Que faire pour résister à l'aphasie qui s'installe, sinon un poème?
« Écrire, c'est interroger la relation compliquée entre un grand événement historique et un événement plus intime, national; entre un deuil personnel et un deuil historique; entre notre façon individuelle de nous imprégner de l'histoire et notre façon collective de la commémorer. »
Avec sobriété, marquée par une dévotion pour la vie et pour la mort, l'écriture d'Anne Michaels se risque ici à la limite du connaissable. Elle contemple « le moment où le désir / devient par force / le deuil ».
Tout ce que nous avons vu est une main tendue, un geste d'audace et d'amour pour ressaisir la mémoire.