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Jérémie Foa
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Tous ceux qui tombent : Visages du massacre de la Saint-Barthélemy
Jérémie Foa
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 29 Août 2024
- 9782348084720
Fin août 1572. À Paris, des notaires dressent des inventaires après décès, enregistrent des actes, règlent des héritages. Avec minutie, ils transcrivent l'ordinaire des vies au milieu d'une colossale hécatombe. Mais ils livrent aussi des noms, des adresses, des liens.
Puisant dans ces archives, Jérémie Foa tisse une microhistoire de la Saint-Barthélemy soucieuse de nommer les anonymes, les obscurs jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis. Pour élucider des crimes dont on ignorait jusqu'à l'existence, il abandonne les palais pour les pavés, exhumant les indices d'un massacre de proximité, commis par des voisins sur leurs voisins.
Car, à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d'hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédité, le massacre était préparé de longue date - les assassins n'ont pas surgi tout armés dans la folie d'un soir d'été.
Au fil de vingt-six enquêtes haletantes, l'historien retrouve les victimes et les tueurs, simples passants ou ardents massacreurs, dans leur humaine trivialité : épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de Misère, tanneurs d'Aubusson et taverniers de Maubert, vies minuscules emportées par l'événement. -
Les épreuves de la guerre civile
Quentin Deluermoz
- Éditions de la Sorbonne
- 25 Novembre 2024
- 9791035110383
Que se passe-t-il lorsque, en situation de guerre civile, au coeur du familier, s'évanouit la familiarité ? Dans une maison pleine d'ennemis, en ce point zéro du politique où la discrimination entre l'ami et l'ennemi n'a plus nulle évidence ? Cet ouvrage interdisciplinaire, en examinant plusieurs situations de guerre civile allant du xvie siècle à nos jours, de la France à la Chine en passant par l'Algérie, entend ainsi interroger ce qu'il advient quand le voisin peut vous égorger, le boucher vous empoisonner, votre accent vous trahir, le fils dénoncer et la rue, naguère familière, se faire guetapens : « Car en matière de guerres intestines, écrit Montaigne au xvie siècle, votre valet peut être du parti que vous craignez. » Dans cet univers chaotique, l'espace, mais aussi la langue, les amis, les objets - le sens commun en un mot -, se dérobent, cessent d'être immédiatement appropriables, et nécessitent d'être constamment redéfinis. À l'inverse, le fonctionnement social en « période normale » se caractérise par un haut degré d'implicite. Une part essentielle des règles, des conduites à tenir, des préséances à respecter, des itinéraires à emprunter, le sens des mots, leur prononciation, les identités à reconnaître, tout cela va de soi ou, mieux, indiffère. Ce qu'il faut faire, ou dire, n'a, dans le cours ordinaire de l'existence, nul besoin d'être affiché, mais se joue le plus souvent en silence, dans les ajustements tacites que l'habitus ou le « sens commun » permettent d'opérer. C'est ce sens commun ordinaire du cours des choses, qui n'est certes pas sans conflits, que la guerre civile, en déchirant le partage entre implicite et exigence d'explicitation, vient révéler dans sa profondeur. En ce sens, cet ouvrage propose non seulement un mode d'enquête sur l'expérience intime et sociale de la guerre civile, avec sa désagrégation et ses réajustements imposés, mais il offre aussi une réflexion sur la manière dont les ordres sociaux pénètrent et organisent la toile ordinaire des existences, autrement dit sur la manière dont le social fait corps, résiste, ou cède. Préface de Patrick Boucheron et postface de Gilles Dorronsoro
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La construction de la personne dans le fait historique XVIe-XVIIIe siècles
Nadine Kuperty-tsur, Jean-raymond Fanlo
- Presses universitaires de Provence
- 15 Octobre 2021
- 9791036577413
Les guerres de Religion, tout comme la période de la Fronde, ont suscité de nombreux témoignages chez leurs contemporains que la violence des événements ne pouvait laisser indifférents. Et ce, d'autant plus que les charges que certains d'entre eux exerçaient les mettaient au premier plan de l'action politique. Leurs Mémoires et leurs correspondances montrent que la scène politique sollicite leur intervention d'une part, et d'autre part que cette intervention, relatée dans leurs récits rétrospectifs, façonne en retour l'image de la personne qu'ils lègueront à la postérité. Par ailleurs, la littérature politique et satirique participe de la mythification ou de l'exécration d'un personnage emblématique, souvent celui du héros (Coligny, sous la plume de Hotman) ou du tyran (Henri III, Concini ou Mazarin). On observera le processus de construction traité par la personne elle-même, homme ou femme, soucieuse de l'inscription de son image dans l'histoire ou son contraire, la volonté de destruction, visant à dénoncer et à condamner une politique abusive. Ce volume est le fruit du colloque sur la construction de la personne dans le fait historique (XVIe-XVIIe siècles) qui s'est tenu les 25 et 26 mai 2016 sous les auspices de l'IMéRA, Institut d'études avancées, Aix-Marseille Université.
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Survivre - une histoire des guerres de religion
Foa Jeremie
- Seuil
- L'Univers historique
- 13 Septembre 2024
- 9782021181296
Dans le monde incertain des guerres de Religion (1562-1598), survivre est tout un art. Comment mentir, se déguiser, s'échapper, simuler ou dissimuler sa confession religieuse ? Comment se faufiler, tromper ou surprendre son adversaire ? Quelles sont, en somme, les tactiques pour tenir dans un monde soudain hostile, dans lequel le voisin peut dénoncer, le boucher empoisonner, votre accent vous trahir, le fils égorger, le mari mentir et la rue naguère familière devenir guet-apens ? « Car en matière de guerres intestines, écrit Montaigne, votre valet peut être du parti que vous craignez. Et lorsque la religion sert de prétexte, les parentés mêmes deviennent peu fiables ».
En s'appuyant sur des chroniques contemporaines et sur un matériau archivistique exceptionnel, cette enquête entend rendre sensible ce que fut l'expérience concrète des « tristes hommes d'après 1560 ». Parce que la guerre civile rend incertain ce qui semblait le mieux établi - l'identité des êtres et des choses, le statut des lieux, le langage lui-même -, Survivre entreprend de mettre en lumière les savoir-faire et les savoir-vivreavec le trouble. Mais ce livre n'entend pas seulement restituer au plus près des documents ce que fut l'épreuve de la guerre intestine. Il propose une relecture ambitieuse de l'ensemble des guerres de Religion, laboratoire de notre modernité, désormais envisagées au prisme de la condition d'incertitudeJérémie Foa est maître de conférences habilité à diriger des recherches à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe et spécialiste de l'histoire des guerres de Religion en Europe. Il est notamment l'auteur de Tous ceux qui tombent. Visages du massacre de la Saint-Barthélemy (La Découverte, 2021 ; Prix lycéen du livre d'histoire de Blois, 2022).