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Presses de Sciences Po
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L'emprise scolaire : quand trop d'ecole tue l'education
François Dubet
- Presses de Sciences Po
- ESSAI
- 30 Août 2024
- 9782724643022
Les jeunes ont, non sans raison, le sentiment de jouer toute leur vie à l'école. Ils en sortent soit victorieux, soit amers. Mais dans la plupart des cas, ils ont vécu leur jeunesse dans un climat de compétition et d'anxiété. Quant aux parents, ils s'acharnent à classer au mieux leurs enfants, au prix de tensions quotidiennes et de multiples sacrifices. Faut-il alors s'entêter dans ce « toujours plus » d'école, en espérant qu'à un horizon indéterminé, les bienfaits de cette course en avant scolaire finiront pas l'emporter ?
François Dubet et Marie Duru-Bellat interrogent l'emprise du scolaire sur nos sociétés. Ils plaident pour recentrer l'école sur ses finalités éducatives et atténuer son hégémonie sur la définition de l'intelligence ou du mérite.
François Dubet est professeur émérite de sociologie à l'Université de Bordeaux et ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Son dernier ouvrage, Le ghetto scolaire, cosigné avec Najat Vallaud-Belkacem, est paru au Seuil.
Marie Duru-Bellat est professeure émérite de sociologie à Sciences Po. Elle est notamment l'auteure, aux Presses de Sciences Po de La tyrannie du genre (2017) et du Mérite contre la justice (2e édition, 2019). -
Un déguisement de princesse et un aspirateur pour les filles, un château fort et une voiture radiocommandée pour les garçons... On pourrait penser qu'un choix de jouets aussi stéréotypé appartiendrait au passé. Il n'en est rien. Une sexualisation de plus en plus marquée s'observe dans l'éducation comme dans tous les domaines de la vie sociale.
Ces traitements différenciés ne sont pas systématiquement perçus comme des inégalités. Ils sont justifiés par des croyances en des distinctions essentielles, d'ordre « naturel », entre femmes et hommes. Un ensemble de discours psychologisants, de normes et de symboles en découle, qui a des conséquences multiformes sur les rôles assignés à chacun et chacune.
Alors que la notion de genre a été promue par les sociologues pour révéler les rapports de domination, l'invoquer à tout propos, qu'il s'agisse de féminiser la langue ou de prôner la parité, instille l'idée que femmes et hommes sont toujours, partout et avant tout, non des personnes uniques mais des prototypes de leur groupe de sexe. -
Le mérite a la cote. Avec lui, l'idée que chacun est responsable de ce qui lui arrive, de ses succès comme de ses échecs, et l'espérance qu'en récompensant talents et efforts, on produira une société juste et efficace.La mise en exergue constante du mérite, sans tenir compte des inégalités (sociales, de genre, d'origine, etc.), est pourtant tout sauf anodine. Elle engendre de nombreux effets pervers : à l'école, où l'idéal de la formation de tous s'efface devant la sélection des plus « méritants » ; dans le monde du travail, quand se caler sur la réussite scolaire et le diplôme amène à négliger bien d'autres talents et à créer une concurrence délétère.Sans ôter tout mérite au mérite, ce livre invite à débattre de la place à lui accorder. Une société purement méritocratique, obsédée par l'égalité des chances, ne serait-elle pas source d'injustice, voire invivable ?