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charles dantzig
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Paris dans tous ses siècles
Charles Dantzig
- Grasset
- Littérature Française
- 10 Janvier 2024
- 9782246837213
Que peuvent avoir en commun Victor, écrivain vieillissant qui ne publie plus et devient un commentateur d'actualité grincheux, son amie Gabrielle, galeriste quinquagénaire éprise d'un homme beaucoup plus jeune, le fils de Victor, la mère et la fille de Gabrielle, des étudiants qui tentent de devenir artistes, des provinciaux qui rêvent de se faire une place, un escort brésilien, le chat Xanax et le teckel Guillaume, un cadavre qui disparaît, un éléphant qui s'échappe et tant d'autres personnages de cette ronde qui efface les frontières entre les espèces, les espaces et les temps ?
Tous vivent à Paris, cette scène du jugement perpétuel. Or, « Paris est un combat ». Certains cherchent la clef pour conquérir la capitale, d'autres croient l'avoir, d'autres l'espèrent, d'autres pensent qu'elle n'existe pas. Qu'adviendra-t-il des ambitions de chacun ?
Parmi les mille inventions de ce roman qui fourmille de trouvailles, de traits d'esprit, de brio et de profondeur, soulignons quelques surprises :
Au début de chaque chapitre, un animal parle, animal domestique ou symbolique du personnage qui va suivre, et traité à égalité avec lui. De temps à autre, les rues de Paris se complètent de « déroulés historiques » : leur bitume est retiré, des rambardes s'élèvent et les passants assistent, comme du balcon d'un théâtre, à des scènes du passé, celles de la Libération aussi bien que des conversations des « précieuses » de l'hôtel de Rambouillet.
En bas de page, quand les personnages se trouvent dans la rue, sont notées des bribes de phrases qui forment la bande passante de conversations saisies au vol en marchant. On n'est pas plus obligé de les lire que de les écouter, mais elles contribuent à donner sa tonalité à la capitale.
Une façon nouvelle de raconter des vies nouvelles, dans un Paris désordonné, vivace, imprévisible, créatif. Sous les auspices de l'Ulysse de Joyce, du Berlin Alexanderplatz de Dblin et du Petersbourg de Biély, une histoire à la fois contemporaine et mythologique, un grand roman de la ville. -
Rien n'était fait pour que Proust triomphe. Un mondain, un Juif, un homosexuel, qui a osé remporter le prix Goncourt contre un roman de guerre, ce qui lui a valu des persiflages infinis, jusqu'à une revue de cabaret présentant un numéro « Proust ma chère ». D'ailleurs, sa postérité a été lente à s'établir. Elle n'a réellement commencé que dans les années 1950, jusqu'à ce que Proust devienne l'un des écrivains français les plus célèbres du monde.
Il y avait une bonne raison à cela. Elle s'appelle A la recherche du temps perdu. Ce livre a apporté à la fiction française des sujets que Proust a été l'un des premiers à traiter sérieusement, comme l'homosexualité, et surtout, surtout, un sujet capital, que personne n'avait jamais abordé, celui de la création. Un écrivain ou futur écrivain personnage principal d'un roman, c'est Proust qui l'a inventé.
Plus encore, il a apporté à la littérature française une manière d'écrire authentiquement révolutionnaire. La langue française, si réglée, si sèche, souvent, a été assouplie par Proust à un point inouï. Le proust est ductile et englobant comme la mer. Lire A la recherche du temps perdu, c'est traverser l'Océan. Et c'est très facile, il suffit d'adapter sa respiration.
Comme il suffit au lecteur d'adapter la sienne pour plonger dans ce Proust Océan de Charles Dantzig, où l'on retrouve la manière si singulière de l'auteur, ses entrées inattendues, ses alternances de chapitres brefs et plus longs, de saillies et de réflexions, d'érudition et de gai savoir, de gravité et de drôleries.
Un livre sur Proust certes, mais aussi un essai d'esthétique proposant une certaine conception de la littérature fondée sur un longue familiarité avec les grandes oeuvres, une pratique des grands auteurs, un savoir encyclopédique. Tout est ici original et stimulant, mimétique de son objet même. -
La langue française est la seule grande langue du monde à disposer de deux mots là où l'anglais, l'allemand, l'espagnol, l'italien n'ont que « dream », « Traum », « sueño », « sogno » : nous avons « rêve », nous avons « songe ». Il me semble que l'un s'oppose à l'autre. Le rêve est stérile et néfaste, le songe est créatif et faste. On fait de mauvais rêves, on ne fait pas de mauvais songes. Toute l'histoire du monde pourrait être interprétée selon cette idée. Quand François Ier a eu l'idée de conquérir l'Italie, il a rêvé, il a été fait prisonnier. Quand il a eu l'idée de Chambord, il a songé et nous a légué l'un des plus beaux châteaux du monde.
Voici l'histoire de Chambord, de 1519 à nos jours, voici ce qu'on appelle l'histoire de ce qu'on appelle la France par ce château si poétique, si sublime, se suffisant tellement à lui-même qu'il a absorbé tous ceux qui l'ont occupé, n'acceptant comme concurrent dans nos mémoires que le roi qui l'avait conçu. Un roi humaniste, dont la leçon pourrait être réveillée de nos jours où les brutes de tous les pays s'unissent pour broyer toute idée d'humanité. Nous n'avons pas peur. Nous avons le songe de Chambord.
Ch.D. -
Anthologie des écrivains français racontés par les écrivains qui les ont connus
Charles Dantzig
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 8 Septembre 2021
- 9782246827498
Publié pour la première fois en 1995, Les écrivains français racontés par les écrivains qui les ont connus est une passionnante anthologie réalisée et préfacée par Charles Dantzig. Elle rassemble, du XVIe siècle au XXe siècle, des témoignages de première main rarement sinon jamais reproduits jusque-là sur trente-sept des plus grands auteurs de notre littérature.
Voici Claude Binet, ami de Ronsard, évoquant la séduction qu'exerçait l'auteur des Sonnets pour Hélène sur le roi Charles IX. Au XVIIe siècle, c'est Marie de Gournay, la « fille d'alliance » de Montaigne, qui est racontée par le mémorialiste le plus spirituel de son temps, Tallemant des Réaux, et Molière par La Grange, le secrétaire de sa troupe, tandis que Charles Perrault parle avec sagacité et affection de La Fontaine. Au XVIIIe siècle, Rousseau est évoqué de manière inattendue par Bernardin de Saint-Pierre, l'auteur de Paul et Virginie. Un siècle plus tard, Mérimée raconte son ami Stendhal avec sa vivacité habituelle ; Victor Hugo se remémore les derniers jours de Chateaubriand, à qui il avait tant voulu ressembler ; les Goncourt, pourtant si méchants, font de Flaubert un portrait à la fois attendri et admiratif. Au XIXe siècle, c'est au tour de Maurice Sachs de se remémorer Jean Cocteau, sa séduction et son talent. Quant à Serge Doubrovsky, il met en scène sa rencontre avec un Jean-Paul Sartre épuisé et malade, mais à l'intelligence aussi vive que toujours : « Je m'arrête, j'attends. [...] La tremblote a disparu par enchantement. L'oeil terne se rallume, lance des éclairs. » Qui connaît mieux les écrivains que les écrivains ?
Dans une longue préface, Charles dantzig propose une réflexion sur ce qu'est ou peut être la biographie d'un écrivain. Le complément indispensable à son Dictionnaire égoïste de la littérature française.
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Les mains ? Et les sourcils. Et les yeux. Et les pieds. Et la bouche, avec le sourire. Toutes ces parties du corps accomplissent des gestes. Les objets nouveaux, comme les tablettes numériques ou les cigarettes électroniques, en font faire d'inédits, tandis que d'autres disparaissent, pour parfois réapparaître. De quelle mystérieuse façon un poignet cassé sur la hanche, geste des aristocrates du xviiie siècle, a-t-il resurgi chez un rocker de 1960 ? Le geste de la main d'un bébé qui s'ouvre comme une étoile de mer ne serait-il pas un souvenir des âges immémoriaux où nous étions algues ou poissons ?
Y a-t-il des gestes d'hommes, des gestes de femmes ? Des gestes nationaux, des gestes universels ? Gestes de la sexualité, gestes de la politique, gestes des comédiens, gestes imités de nos morts aimés, les gestes ne sont pas l'ombre des mots ; ils peuvent être une forme de création. Plus encore qu'un langage du sens, un rapport unique au temps.
Voici un livre inattendu, lumineux et sensible, riche de mille réflexions tirées de l'histoire, de la littérature, du cinéma, de l'observation des présidents de république comme des femmes druzes fabriquant de la pâte à pita. Que disent ces gestes que tout le monde fait et que personne ne semble vraiment regarder ? -
Histoire de l'amour et de la haine
Charles Dantzig
- Grasset
- Littérature Française
- 19 Août 2015
- 9782246858140
Voici sept personnages avec qui nous vivons, des premières manifestations contre le « mariage pour tous » jusqu'aux dernières. Il y a Ferdinand, garçon de vingt ans blessé par la vulgarité de son père, le député Furnesse, vedette homophobe des médias et fier de l'être ; Pierre, le grand écrivain n'écrivant plus ; Ginevra, qu'il tente d'aimer ; Armand et Aron, qui vivent en couple ; Anne, si belle et victime de sa beauté ; bien d'autres encore. Tous apportent leur voix à ce concert de l'esprit où le comique le dispute à la rage.
Que s'est-il passé durant cette période ? Quel esprit est entré dans Paris, si contraire à Paris ? Comment ce qu'on appelle un événement transforme-t-il la vie des hommes ?
Le grand roman de l'amour au temps de la haine. -
« Comme certains de mes livres, Théories de théories est une tentative de classement au moyen d'une forme. Son titre s'explique par le double sens du mot ``théorie'', c'est-à-dire une proposition générale sur un sujet donné et une succession d'êtres ou de choses à la file. (Quand on dit : il y avait une théorie de chats, cela signifie que plusieurs chats se suivaient les uns derrière les autres.) Il se passe en une journée, à partir du moment où, levé, on s'habille (« théorie des beaux vêtements »), et s'achève à la fin du jour (« théorie du coucher du soleil »). Entre les deux, je propose des théories sur tout ce que l'on appelle la vie, ou du moins la vie comme je l'entends.
On y trouvera une théorie du désir, une théorie de l'amour, une théorie des ponts (si mal en point dans le monde de murs où nous vivons), une théorie des grandes vieilles actrices de théâtre, une théorie des mappemondes, une théorie du temps, une théorie de la couleur marron, une théorie du rire, une théorie du mot fin dans les livres, une théorie des odeurs, une théorie des fleurs coupées, une théorie de l'ombre et une théorie de la lumière, bien d'autres.
Ces théories, pour moi, ressemblent aux bâtons de métal qu'on nous faisait frotter en classe de physique pour attirer la limaille de fer. Elles rassemblent ce qui est épars, à la merci des coutumes, des idées reçues, des superstitions, de l'ignorance, et proposent des interprétations plausibles. Elles ne cherchent pas à être ``vraies''. Théories de théories est, en quelque sorte, une boîte à outils.
Je dois ajouter que ``théories'' ne veut pas dire abstrait. Mes théories, qui sont parfois longues, parfois courtes, le plus souvent des essais, quelquefois des fictions, se fondent sur des observations, des faits historiques, les remarques des auteurs les plus divers de tous les temps et de tous les pays. Des expériences sensibles, aussi. C'est mon livre le plus intime. A la fin, j'espère qu'on en aura retiré une certaine conception du monde, suivant ce que l'on pourrait appeler une pensée moirée, à la façon de la moire du tissu, changeante et variée comme la vie. » Ch. D. -
"La lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgeuilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. Lire ne sert à rien. C'est pour cela que c'est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien."
Des conseils, des douceurs, des rosseries, et une conception de la lecture comme "soeur de la littérature", toutes deux marchant ensemble dans un combat contre le temps. Une philosophie de la lecture qui fait s'exclamer, s'enthousiasmer, applaudir, et qui ne donne qu'une envie : (la) relire. -
à propos des chefs-d'oeuvre
Charles Dantzig
- Grasset
- Littérature Française
- 9 Janvier 2013
- 9782246804543
« Chef-d'oeuvre. » Quand ce très vieux mot du Moyen Âge utilisé pour l'artisanat a-t-il commencé à être appliqué à la littérature ? Y a-t-il un critère du chef-d'oeuvre littéraire ? Mieux, une recette ? Comment être sûr qu'un livre est un chef-d'oeuvre ? Un chef-d'oeuvre est-il éternel ? La postérité est-elle le bon juge ? Crée-t-on encore des chefs-d'oeuvre aujourd'hui ? Comment définir le chef-d'oeuvre ?
C'est à toutes ces questions que tente de répondre ce livre. Parcourant les grands livres, de Homère à Heine et de Boccace à Beckett, il propose une analyse inattendue de l'oeuvre de James Joyce aussi bien que des considérations sur ce que l'on peut penser des Aristochats de Walt Disney. Charles Dantzig montre encore une fois que l'on peut associer le brillant et la réflexion, la virtuosité et la profondeur, l'érudition et l'esprit. -
Ce livre n'est pas un recueil, dans le sens d'une réunion de pièces publiées ci et là, mais un livre de poèmes, entendu pour constituer un ensemble, avoir une forme et un sens précis. Démocratie du bord de mer, c'est le pays des amours gays. Les poèmes qui le composent évoquent l'origine, la géographie, les mythes, l'histoire, les danses et les amours de ce pays peuplé de faons et de lions, au bord d'une mer chaude.
Dans la lignée des grands livres de poèmes de la littérature gay, d'António Botto à Jean Genet, du Hombres de Verlaine à The Man with Night Sweats de Thom Gunn.
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Les écrivains et leurs mondes ; dictionnaire égoïste de la littérature française ; la guerre du cliché
Charles Dantzig
- Bouquins
- 25 Août 2016
- 9782221197387
De son point de vue personnel et subjectif, à la fois sérieux, drôle et inattendu, l'auteur nous apprend tout ce qu'il faut savoir sur " les écrivains et leurs mondes ". Ne craignant pas de railler certaines idoles, il parle magnifiquement des écrivains qu'il admire et qui ne sont pas nécessairement situés à leur juste hauteur. Il affirme ses goûts et ses détestations avec une liberté de ton et une vivacité d'écriture saluées par la critique et le public. Dans l'un de ses premiers livres, La Guerre du cliché, Dantzig évoque un de ses thèmes de prédilection et un élément essentiel de son esthétique : la place du cliché en littérature et ses dangers, sous la forme d'un dialogue qui porte la marque d'Oscar Wilde. Dans un essai inédit, Ma république idéale, il développe une longue réflexion, à sa manière, mordante, vive et spirituelle, sur la situation de la création contemporaine et les périls que la tentation du populisme, sous prétexte de réalisme, fait peser sur la littérature et la fiction, ces fragiles et magnifiques garants de notre liberté de pensée.
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Il n'y a pas d'Indochine, ce sont vingt-cinq histoires qui se passent à New York, Le Caire, Athènes, Lisbonne, Lille ou Strasbourg. Sous la conduite d'un narrateur, nous faisons ce que l'on pourrait appeler des visites d'idées. La postérité, le génie, les prétendus grands hommes, l'apparition du marbre blanc dans la sculpture, les chansons de variété, les aquariums... Nous aurons pour compagnons de voyage des écrivains (Proust, Kafka, Pasolini, Wilde...), des cinéastes et des peintres (Coppola, Klimt, Van Gogh...), et bien sûr le style alerte, les aphorismes et la désormais célèbre irrévérence de Charles Dantzig.Il n'y a pas d'Indochine, cela veut dire : il n'y a pas d'exotisme. « Arrivé en Chine, on cherche encore l'Asie. On a trouvé des hommes ».
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Birbillaz ! Birbillaz ! Birbillaz ! Bir, bi, yazzz. L'essaim de la gloire bourdonne. Tout le monde parle de Birbillaz. A Venise, à Hollywood, à Cannes. Birbillaz, le jeune réalisateur de génie, l'auteur du célèbre Un Film d'amour. Birbillaz qui, à Rome où il vit, est devenu l'amant d'une actrice de série télévisée auteur d'un strip-tease devant 500 000 spectateurs, au Colisée, en l'honneur de l'équipe de football de Rome. Birbillaz qui, après avoir obtenu le Lion d'argent au festival de Venise, s'est retiré du monde. Vous avez des nouvelles de Birbillaz ?
Tous ses amis le racontent au cours d'une émission télévisée telle qu'on peut en voir aujourd'hui, où chacun parle à son tour, l'un contredisant parfois l'autre : c'est une enquête sur un personnage inclassable, montée comme une alternance de voix, de rumeurs, en interviews. Les acteurs du film, son producteur, l'épicière de sa rue, ex-chanteuse dans un groupe punk, un professeur d'Oxford, le directeur du théâtre San Carlo de Naples, un jeune écrivain américain qui a couvert pour le magazine Georgia la fête que Birbillaz a donnée à Rome, la fête de la place Sant'Ignazio, devenue aussi mythique qu'Un Film d'amour est devenu « culte », bien d'autres encore. Birbillaz, sa vie, son oeuvre, sa famille impossible. Birbillaz qui niait que son oeuvre ait rien à voir avec sa vie. Est-ce vrai ? Quel est le secret d'Un Film d'amour ? Quel est le secret de Birbillaz ? Y a-t-il un secret ? -
" La vie, c'est un voyage dans le ventre d'un avion où, pour se distraire de ses douleurs, on regarde par les hublots. Ce roman commence quand un 747 décolle pour Caracas et s'achève au moment où il va atterrir. Entre les deux, le narrateur, parti chercher son meilleur ami qui a disparu au Venezuela, regarde par le hublots de sa vie.
Il est question d'amitié. Son ami lui en a dit des choses violentes.
Il est question de sexe. Son ami a été abandonné par sa compagne.
Il est question de politique. Son ami est allé enquêter sur Hugo Chavez.
Il est question de noms, de rire, d'amour, de petits bruns, d'océans, du populisme qui submerge le monde comme une marée, de tout ce qui se passe durant un long trajet en avion.
Il est question de nous."Ch. D. -
Je m'appelle François » est peut-être la seule phrase où je n'aie jamais menti dans ma vie. Elle m'a servi de digue. Tout le monde a besoin de mentir à un moment ou l'autre. J'ai voulu être un autre moi, un moi meilleur, le monde ne l'a pas permis. » Né prés de Tarbes, entre un père qui a déserté la maison et une mère un peu plus que volage, avec qui il aura un compte de tendresse à régler toute sa vie, François Darré apprend tôt que la vie sourit aux audacieux. Alors, ce jeune homme trop sensible sera séducteur, jouant de son physique de brun aux dents si blanches, empruntant les identités les unes derrière les autres, faisant peau neuve, conservant comme un talisman ce prénom de François. Fuir Tarbes, d'abord. Puis à Paris ensorceler une famille aristocratique crédule et riche. A Los Angeles, s'appeler François Depardieu, rouler en décapotable, pratiquer l'escroquerie d'envergure. Tenter d'aimer avant de se faire arrêter comme un malfrat, triompher de la prison par une revanche médiatique, un livre, des émissions, des compliments et des insultes, devenir le voyou qu'on voudrait recevoir chez soi. Jusqu'où ira-t-il ? Jusqu'au meurtre, vraiment ? Enfin, qu'ira-t-il faire à Dubaï, dans une mer que surplombent les gratte-ciels construits en une nuit, « le nez vers les étoiles pour oublier notre passé de boue » ? Charles Dantzig nous donne son meilleur roman, le plus ouvert, le plus moderne, le plus émouvant aussi. Son héros ressemble au Zélig des époques médiatiques, à l'aise devant une caméra ; cet enfant des années 80 a la débauche élégante des personnages de Truman Capote, frayant avec la pègre, couchant avec la bourgeoisie, lui qui n'appartient à aucun milieu. François joue et se joue de nous, dans un roman virtuose, beau comme le chagrin.
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Nos vies hâtives ? Par ce titre, il faut comprendre la fugacité, la vanité, l'agitation de nos existences contemporaines. L'auteur a adopté ici la forme ouverte du roman par nouvelles, autant de textes courts, drôles, où les personnages qu'on croit disparus pour toujours reviennent, comme dans la vie, par hasard. Structure sans contraintes qui correspond si bien à la satire de notre monde moderne, décousue, aléatoire.
Une attachée de presse vante les produits éphémères du tourisme élitiste. Une vedette de la frivolité, prénommée Thierry, devient un saint laïque après sa mort inexpliquée, déclenchant une crise au gouvernement. Un couple fitzgeraldien, solaire, se brise sur l'écueil de la maladie. Les personnages de Dantzig, snobs en vadrouille, héros de mythologies miniatures, s'agitent et s'esquivent. Ils composent une ronde, une puzzle, une vaine quête du bonheur, cette illusion qui leur échappe. Notre temps ? Celui de l'usurpation : « Combien de pitres percés de mots ne voit-on pas toujours debout, l'air qui passe à travers les trous, produisant un sifflement presque complimenteur ?» -
Ce volume comprend les poésies quasi complètes de Charles Dantzig jusqu'aux Nageurs, en incluant deux séries de poèmes inédits, « Un Jour dans la vie du monde » et « Musée des yeux » (suite de poèmes centrés sur les yeux et le regard). De Les tombeaux bâillent (2003) à Le Chauffeur est toujours seul (1991), ce volume reprend des poèmes de tous ses recueils, comme Ce qui se passe vraiment dans les toiles de Jouy (1999) ou le Bestiaire (2003). Les poèmes sont précédés d'une préface inédite (« Interview de l'auteur par lui-même ») et de deux brefs essais sur la poésie. Le choix a été effectué par Patrick McGuinness, professeur de littérature française à l'Université d'Oxford.
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Après le recueil de ses poésies complètes, En souvenir des long-courriers (2003) et un Bestiaire (2003), Charles Dantzig revient à la poésie. Comme souvent, il choisit un thème central autour duquel tous les poèmes s'articulent. Après les avions, voici les nageurs et la mer. Au sens réel comme au sens métaphorique...
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Le style cinquième
Charles Dantzig
- FeniXX réédition numérique (Les Belles Lettres)
- Iconoclastes
- 12 Décembre 2018
- 9782402299121
Pour la première fois dans l'histoire de France, une république a un style. C'est le style Cinquième, comme Cinquième République. Né sous Pompidou, après une légère décadence sous Giscard, il connaît son apothéose sous M. Mitterrand. Le principe du style Cinquième, c'est la culture. Et elle cherche à nous intimider. Toute personne qui n'aime pas la culture est un monstre, dit-elle. Voilà comment elle est devenue un moyen de gouvernement. Les intellectuels, qui sont ses fantassins, font la morale aux artistes. Et même ils prennent leur place. Les malheureux ! Ils ignorent que l'art est un vieux crocodile qui ne se laissera pas faire.
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Le Grand Livre de Dumas
Charles Dantzig
- FeniXX réédition numérique (Les Belles Lettres)
- 17 Décembre 2015
- 9782402068079
Des écrivains parlent d'un écrivain. En vingt-deux chapitres, Le Grand Livre de Dumas aborde les principaux aspects de la vie et de l'oeuvre d'Alexandre Dumas père. C'est ainsi qu'Éric Emmanuel Schmitt nous parle de Dumas et du théâtre, François Taillandier de Dumas et de ses héros, Daniel Zimmermann de Dumas et de la peinture, et que bien d'autres sujets encore, tels que Dumas et l'histoire, Dumas et les femmes, Dumas et l'Italie, font surgir devant nos yeux le portrait de ce Falstaff de notre littérature. Le Grand Livre de Dumas nous montre aussi comment Dumas continue à vivre près de nous, par son influence sur un art comme le cinéma. On trouvera, à côté de la première filmographie complète sur Dumas, un extrait du scénario de La Fille de d'Artagnan, un des très nombreux films tirés de son oeuvre, car si Dumas est un écrivain des plus prolifiques, il est aussi celui qui a été le plus adapté au cinéma dans le monde. Savant autant que cordial, Le Grand Livre de Dumas est un hommage unique à l'un des écrivains les plus aimés de la littérature française.
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Ce qui se passe vraiment dans les toiles de Jouy
Charles Dantzig
- FeniXX réédition numérique (Les Belles Lettres)
- 7 Mai 2016
- 9782402113151
D'une inspiration souvent mélancolique et d'une expiration parfois gaie, car la poésie doit, à certains moments, feindre de ne pas avoir remarqué la tragédie si elle veut pouvoir l'apercevoir, et être légère si elle veut ne pas se noyer dans la profondeur, qui n'est parfois que l'autre nom de la pesanteur, la poésie de Charles Dantzig a pu être qualifiée de fraternelle, d'ironique, de déchirante et tendre, de regardeuse du monde ; comme il vous plaira. « Les toiles de Jouy » est son troisième recueil de poèmes, après « Le Chauffeur est toujours seul » et « Que le siècle commence ».
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Le Grand Livre de Proust
Charles Dantzig
- FeniXX réédition numérique (Les Belles Lettres)
- 8 Octobre 2020
- 9782402040730
En une trentaine de chapitres traitant de façon réelle ou imaginaire la vie et l'oeuvre de Proust, des artistes et des écrivains lui rendent hommage. « Copyright Electre »
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Rémy de Gourmont, cher vieux daim !
Charles Dantzig
- Grasset
- Littérature Française
- 5 Mars 2008
- 9782246805373
Remy de Gourmont (né à Coutances en 1858 et mort à Paris en 1915) a été un des écrivains les plus importants de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Romancier, essayiste et poète, il a été un des fondateurs du Mercure de France, la revue la plus importante du temps. C'était un des chefs de l'école symboliste. Prodigieusement intelligent, délicieusement mordant et puissamment influent, il est l'auteur d'écrits aussi scandaleux que Le joujou patriotisme, aussi ironiquement décadents que son roman Sixtine, aussi passionnants que les Promenades philosophiques. Il a été l'ami de Léautaud. Son grand ennemi était Gide, qui rompit avec lui pour fonder la NRF, la future grande rivale du Mercure. Ses admirateurs les plus célèbres : Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, T.S. Eliot. Son influence a parcouru tout le XXe siècle, de Jean Cocteau à Paul Valéry. Ezra Pound a dit de lui qu'il était « le meilleur résumé de l'esprit civilisé entre 1885 et 1915 ». De cet esprit rempli d'érudition et d'irrespect, qui a vécu pour la littérature et par elle, Charles Dantzig dresse un portrait passionné et passionnant qui, au-delà d'un homme, évoque le Paris littéraire du temps.
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Les vingt premières années du XXIe siècle racontées par vingt écrivains
Charles Dantzig, Collectif
- Grasset
- Le Courage
- 21 Octobre 2020
- 9782246825395
Dans ce livre, vingt écrivains s'emparent des vingt premières années de ce XXIe siècle, de 2001, année d'une destruction guerrière, à 2020, année d'une destruction sanitaire.
Année après année, chaque auteur traite un thème, en France ou à l'étranger, politique ou scientifique, artistique ou moral, sous forme de fiction, la plupart du temps écrite, quelquefois dessinée ou photographique. De Sarkozy au Fouquet's aux « trônes de purin » qui constituent le mode triomphal de la célébrité contemporaine, du lancement de la « Société d'harmonie » en Chine au grand incendie de Californie, de #metoo au début de la sixième extinction animale, du suicide d'Alexander McQueen au covid-19... Voici, avec la perspicacité unique de la fiction, notre contemporain. Comme il y a eu, dans les années 1890, l'esprit fin-de-siècle, voici l'esprit début-de-siècle. Il n'est pas optimiste.
Par Patrick Roegiers, Oriane Jeancourt-Galignani, Jérôme Bastianelli, Adrien Goetz, Nicolas Idier, Arthur Chevallier, Pauline Dreyfus, Charles Ficat, Sébastien Ministru, Loïc Prigent, Viktor Cohen, Chloé Delaume, Sandrine Treiner, Géraldine Koziak, Claudie Hunzinger, Christophe Honoré, Véronique Aubouy, Charles Dantzig, Grégory Le Floch et Nicolas Cano.
Ce livre constitue la sixième livraison de la revue annuelle Le Courage.