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La Conversation des sexes : philosophie du consentement
Manon Garcia
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- 6 Octobre 2021
- 9782080268389
L'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo ont mis la question des violences sexuelles au premier plan. Depuis, le consentement renvoie naturellement au consentement sexuel et amoureux, envisagé comme un sésame de l'égalité entre femmes et hommes. Pourtant, il est bien difficile à définir, et soulève trois problèmes. Le problème juridique, bien connu de celles et ceux qui suivent l'actualité, peut être résumé ainsi : que faire pour que les cas de viol, d'agression et de harcèlement sexuels soient efficacement punis ? Le deuxième problème est moral : comment penser des relations amoureuses et sexuelles qui ne soient pas fondées sur des normes sociales sexistes et inégalitaires ? Enfin, le problème politique : comment ne pas reconduire les injustices de genre qui se manifestent dans les rapports amoureux et sexuels ?
La magistrale analyse du consentement que propose Manon Garcia revisite notre héritage philosophique, plongeant au coeur de la tradition libérale, mettant à nu ses impensés et ses limites. De John Locke aux théoriciennes féministes françaises et américaines, en passant par Michel Foucault et les débats sur la pratique du BDSM, c'est une nouvelle cartographie politique de nos vies privées que dessine cet essai novateur. Au terme de ce livre, il s'agira en somme, pour reprendre la formule de Gloria Steinem, d'« érotiser l'égalité » plutôt que la domination : en ce sens, le consentement sexuel, conçu comme conversation érotique, est sans doute l'avenir de l'amour et du sexe. -
Même les femmes les plus indépendantes et les plus féministes se surprennent à aimer le regard conquérant des hommes sur elles, à désirer être un objet soumis dans les bras de leur partenaire, ou à préférer des tâches ménagères - les petits plaisirs du linge bien plié, du petit-déjeuner joliment préparé pour la famille - à des activités censément plus épanouissantes. Ces désirs, ces plaisirs sont-ils incompatibles avec leur indépendance ? Est-ce trahir les siècles de féminisme qui les ont précédées ? Peut-on attendre que les hommes fassent le «premier pas» et revendiquer l'égalité des sexes ?
Les récents scandales sexuels qui ont agité le monde entier ont jeté une lumière crue sur ces ambivalences et sur l'envers de la domination masculine : le consentement des femmes à leur propre soumission.
Tabou philosophique et point aveugle du féminisme, la soumission des femmes n'est jamais analysée en détail, dans la complexité des existences vécues.
Sur les pas de Simone de Beauvoir, Manon Garcia s'y attelle avec force, parce que comprendre pourquoi les femmes se soumettent est le préalable nécessaire à toute émancipation. -
Vivre sans : une philosophie du manque
Mazarine Pingeot
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- 24 Janvier 2024
- 9782080427939
Le manque est au coeur des relations humaines et de la pensée, de l'économie et de la recherche, du désir et de la quête, de l'attente et de l'espoir. Peut-on réellement s'en passer ? Qu'appelons-nous au juste « manque » ? Nous pouvons manquer d'une chose, nous pouvons manquer de sens, nous pouvons manquer à quelqu'un ou quelqu'un peut nous manquer.
Ce manque a trouvé son expression dans un terme devenu incontournable en marketing : le « sans ». Sans sucre, sans gluten, sans lactose, sans calorie, sans nicotine, sans adjuvant, sans huile de palme, sans colorant, sans contact : par un tour de passe-passe extraordinaire, nous avons su transformer l'absence en valeur, le manque en objet de convoitise.
Et si, sous cet angle, nous pouvions relire l'histoire de la pensée, entre plein et manque, désir et néant ? Et si l'histoire de nos sociétés de consommation révélait en creux une autre histoire, celle de la métaphysique de nos temps troublés ? -
Ce livre n'est pas un réquisitoire contre la cancel culture. C'est un livre-manifeste qui appelle au sursaut d'une gauche universaliste, éprise de justice et de progrès. Qui appelle aussi à la création d'un front populaire, seul capable de lutter contre les nouveaux fascismes qui gagnent le monde.
Susan Neiman combat, argument contre argument, l'autocritique accusatoire qui rend la pensée des Lumières coupable des maux que sont le colonialisme et l'esclavage, coupable aussi d'aveuglement et d'eurocentrisme. Elle montre combien les revendications identitaires se révèlent réductrices et essentialistes, en un mot dangereuses. Elle critique le renoncement à l'idée de progrès qui encourage les politiques d'intérêt personnel et condamne toute action d'intérêt général.
En quatre brefs chapitres, Susan Neiman redistribue les cartes d'une conversation intellectuelle nécessaire à nos démocraties. -
Note sur la suppression générale des partis politiques
Simone Weil
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- 1 Mars 2017
- 9782081409873
"Les partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité.
Il en résulte que - sauf un très petit nombre de coïncidences fortuites - il n'est décidé et exécuté que des mesures contraires au bien public, à la justice et à la vérité.
Si on confiait au diable l'organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux." -
Une voix humaine : L'éthique du care revisitée
Carol Gilligan
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- 10 Avril 2024
- 9782080432773
Quarante ans après la révolution d'Une voix différente, le livre qui a fait entendre la voix des femmes dans le domaine de la vie morale, Carol Gilligan fait le bilan de ses travaux précurseurs sur l'éthique du care. La voix de l'empathie, du soin des autres, cette voix trop souvent réduite au silence, n'est pas uniquement celle des femmes. Elle est avant tout une voix humaine, qui s'oppose à celle du patriarcat.
« Cela faisait plusieurs années déjà que j'avais commencé à relire mon premier ouvrage d'un autre oeil, à la faveur de nouvelles recherches et des changements advenus récemment dans le champ social et politique. J'ai été surprise de constater à quel point j'avais mis longtemps à percevoir ce qui, avec le recul, semble pourtant évident : la voix de l'éthique du care est une voix humaine, et le fait de l'avoir qualifiée de féminine pose problème. »
Contre une hiérarchisation binaire du féminin et du masculin, ce livre développe une éthique de résistance et de libération, destinée à tous. De Greta Thunberg à Spike Lee, des femmes qui avortent aux jeunes filles qui se rebellent, Carol Gilligan analyse les discours les plus subversifs de notre temps et inscrit définitivement son oeuvre dans notre XXI siècle. -
Le viol redéfini : vers l'égalité contre le consentement
Catharine a. Mackinnon
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- 25 Octobre 2023
- 9782080438898
Lorsque l'on parle de violences sexuelles, la notion de consentement est partout. De nombreux pays l'ont même intégrée dans la loi : un viol y est alors avant tout défini comme un acte sexuel auquel la victime « n'a pas consenti ». Pour la juriste américaine Catharine A. MacKinnon, ce concept est inopérant, voire hors sujet dans un monde traversé par l'inégalité de genre. Est-on réellement libre de dire « oui » ou « non » lorsqu'il existe des rapports sociaux de domination et de subordination fondés sur le sexe ?
En France, le sujet est sur la table : de Vanessa Springora à Adèle Haenel, nombreuses sont les femmes qui prennent la parole afin de mettre en lumière les limites du consentement pour caractériser les violences sexuelles.
Se fondant sur une analyse approfondie et comparée de la jurisprudence française, américaine et internationale, MacKinnon propose un changement de perspective. Plus qu'un acte sexuel non consensuel, le viol doit être considéré comme un crime d'inégalité de genre lorsque cette inégalité - souvent ajoutée à la race, à l'âge et à d'autres inégalités de statut social - est utilisée comme moyen de coercition. Intégrer l'inégalité en tant que source de contrainte dans la définition juridique du viol, plutôt que d'exiger des preuves qu'un acte sexuel soit non consensuel, voilà le projet de ce livre ambitieux, qui propose une réforme du Code pénal et ouvre la voie à une utilisation plus efficace et à une meilleure prise en compte des inégalités dans la loi - premier pas indispensable pour aboutir à une véritable liberté sexuelle. -
L'empire du moindre mal ; essai sur la civilisation libérale
Jean-claude Michéa
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- 13 Avril 2010
- 9782081237117
L'ambition du libéralisme est d'instituer la moins mauvaise société possible, celle qui doit protéger l'humanité de sa folie idéologique.
Pour ses partisans, c'est la volonté d'instituer le règne du Bien qui est à l'origine de tous les maux accablant le genre humain. C'est en ce sens que le libéralisme doit être compris, et se comprend lui-même, comme la politique du moindre mal. Il fait donc preuve d'un pessimisme profond quant à l'aptitude des hommes à édifier un monde décent. Cette critique de la " tyrannie du Bien " a un prix. N'exigeant rien de ses membres, cette société fonctionne d'autant mieux quand chaque individu se consacre à ses désirs particuliers sans céder à la tentation morale.
Comment expliquer alors que cette doctrine, à mesure que son ombre s'étend sur la terre, reprenne, un à un, tous les traits de son plus vieil ennemi, le meilleur des mondes, jusqu'à se donner, à son tour, pour objectif final la création d'un homme nouveau ? Ce livre décrit ce processus, et son aboutissement, tant dans sa version économiste, centrée sur le Marché et traditionnellement privilégiée par la " Droite ", que dans sa version culturelle, centrée sur le Droit, et dont la défense est désormais la seule raison d'être de la " Gauche ".
Il saisit admirablement la logique libérale dans le déploiement de son unité originelle tout en élaborant les fondements d'une société décente coïncidant avec la défense de l'humanité elle-même. D'une densité et d'une ambition exceptionnelles, il redonne toute sa place à la figure de l'homme révolté à un moment où beaucoup la souhaiteraient voir disparaître. -
Manifeste des espèces compagnes : plaidoyer pour le partenariat chiens-humains
Donna Haraway
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- 30 Janvier 2019
- 9782081467668
Ce livre propose un pari audacieux : prendre notre relation avec les chiens au sérieux et apprendre "une éthique et une politique dévolues à la prolifération de relations avec des êtres autres qui comptent". Car la catégorie des espèces compagnes est bien plus vaste que celle des animaux de compagnie, elle inclut en effet le riz, les abeilles, la flore intestinale, les tulipes... "Vivre avec les animaux, investir leurs histoires et les nôtres, essayer de dire la vérité au sujet de ces relations, cohabiter au sein d'une histoire active : voilà la tâche des espèces compagnes."
Pas de grands récits, donc, mais des histoires, dont le but est avant tout, dit Donna Haraway, de mettre des bâtons dans les roues au projet humain d'écrire seuls cette histoire. Des histoires d'amour, mais également de pouvoir, de conflits raciaux et d'idéologies coloniales, des histoires qui aident à élaborer des manières positives de vivre avec toutes les espèces qui sont apparues comme nous sur cette planète.
Quelle est notre capacité humaine à construire des relations d'altérité qui ne soient pas marquées par des rapports de domination, mais par des relations de respect, d'affection, d'amour - sans qu'il s'agisse d'anthropocentrisme ou d'anthropomorphisme ? Voilà l'une des questions centrales que soulève ce livre devenu incontournable. -
Superfaible : Penser au XXIe siècle
Laurent de Sutter
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- 20 Septembre 2023
- 9782080433121
« Nous sommes devenus superforts. Rien ne peut nous résister : la plus grande oeuvre d'art, l'action la plus héroïque, l'entreprise la plus noble, la figure la plus impeccable elles ne le sont que pour autant que nous le voulions bien. Chacun d'entre nous, partout dans le monde, et quoi qu'il en soit de sa richesse ou de sa pauvreté, de sa culture ou de son ignorance, nous sommes plus forts que tout. La superforce est la condition contemporaine de l'être humain. Pour nous, humains du XXI siècle, plus de réalité qui ne soit bornée par un Oui, mais. Qui, aujourd'hui, sauf un abruti ou un niais, oserait dire qu'il n'est pas critique ? Qu'il ou elle n'a pas d'esprit critique ? La raison moderne, la raison critique, parce qu'elle est d'abord une interrogation sur elle-même, comme l'avait dit Emmanuel Kant, ne peut connaître d'autre limite ni d'autre alternative qu'elle-même. De sorte qu'elle a fini par dévorer la totalité du champ du pensable.
Il est temps de faire le point sur le programme critique et de se poser la question de ce qu'il a laissé de côté. Et la réponse que je propose est : il a laissé de côté le futur. Il n'y a pas d'après de la critique, parce que l'idéal de la critique est le champ de ruine où survivrait une luciole, où pousserait une pâquerette. »
Dans ce livre-étendard d'une génération nouvelle, scintillant d'idées, d'arguments et d'exemples, Laurent de Sutter appelle à renouer avec le sens du futur, à quitter le mode du « oui, mais » pour épouser celui du « et si », à redevenir superfaibles et libres à nouveau. -
« Il y a une réalité qu'il faut regarder en face : renoncer aux distinctions de classes revient à renoncer à une part de soi-même. Prenons mon cas particulier : je suis représentatif de la classe moyenne, et rien ne m'est plus facile que de proclamer mon désir d'abattre les barrières de classes. Or, presque tout ce que je pense et fais découle de ces distinctions sociales. Toutes mes valeurs - mes conceptions du bien, du mal, de l'agréable et du désagréable, du comique et du sérieux, du laid ou du beau - sont des valeurs de la classe moyenne. Mes goûts littéraires, culinaires et vestimentaires, mon sens de l'honneur, mes manières de table, mes tournures de phrase, mon accent et jusqu'à ma gestuelle propre, sont le produit d'une éducation particulière, d'un segment spécifique à mi-chemin de l'échelle sociale. Une fois que j'ai pris conscience de cela, je comprends qu'il ne sert à rien de taper amicalement dans le dos d'un prolétaire et de lui assurer qu'il vaut autant que moi. Si je veux établir avec lui un vrai contact, je dois déployer un effort auquel je ne suis certainement pas préparé. Car pour m'extraire du schéma d'oppression de classes, je dois faire abstraction non seulement de mon propre sentiment de supériorité, mais aussi de la plupart de mes autres penchants et préjugés. Je dois opérer une telle transformation sur moi-même qu'au bout du compte, j'en serais à peine reconnaissable. »
Écrit en 1937, Le Quai de Wigan symbolise pour le critique Simon Leys la « transmutation du journalisme en art ». Reportage sur un lieu réel au nom imaginaire (Wigan n'existe pas), il consacre les efforts d'Orwell pour décrire et comprendre la société de son temps, mais aussi l'exigence morale d'un journalisme engagé. -
Les grandes villes sont responsables des crises majeures de notre temps. Elles imposent des rapports consuméristes et productivistes au monde sans offrir en retour une écologie à la hauteur de la dévastation orchestrée par l'idéologie urbaine. L'équivalent d'une ville comme New York sort de terre tous les mois dans le monde. Les cent premières villes de France ont trois jours d'autonomie alimentaire. Les métropoles deviennent des fournaises. Et le sentiment de leur invivabilité prévaut chaque jour davantage.
Pour enrayer ce mouvement mortifère, il ne s'agit pas seulement de changer de civilisation, mais de changer ce qu'est la civilisation, de développer la recherche d'autonomie comme mode de vie, dans ce qu'elle recrée de proximité et de solidarités, en faisant le choix d'une autre abondance, celle de la vie. Le monde d'après est là.
Paysanneries revivifiant les ruralités par une agriculture non prédatrice, redéploiement de l'artisanat, multiplication des lieux d'expérimentation, redécouverte de savoirs aujourd'hui discrédités, réappropriation de l'ingéniosité libératrice des individus et des collectifs : tel est aujourd'hui le fondement révolutionnaire d'un nouveau pacte avec le vivant. -
La Religion du Capital, farce savoureuse de l'auteur du Droit à la paresse publiée pour la première fois en 1887, est le compte-rendu fictif d'un congrès international tenu à Londres, au cours duquel les représentants les plus éminents de la bourgeoisie rédigent les Actes d'une nouvelle religion pour ce Chaos qu'ils ont créé et ont décidé d'appeler «Monde civilisé».
«Je crois au Capital qui gouverne la matière et l'esprit ;
Je crois au Profit, son fils très légitime, et au Crédit,
le Saint-Esprit, qui procède de lui et est adoré conjointement ;
Je crois au Grand-Livre de la Dette publique, qui garantit
le Capital des risques du commerce, de l'industrie et de l'usure ;
Je crois à la Propriété individuelle, fruit du travail des autres, et à sa durée jusqu'à la fin des siècles ;
Je crois à l'Éternité du Salariat qui débarrasse le travailleur des soucis de la propriété.
Amen.» -
En 1967, Theodor Adorno tient une conférence à l'université de Vienne, à l'invitation de l'Union des étudiants socialistes d'Autriche, sur la remontée de l'extrême-droite en Allemagne, et notamment l'ascension inquiétante d'un parti, le NPD, qui a toutes les apparences du néonazisme et manquera de peu son entrée au Bundestag allemand deux ans plus tard.
Transcrit d'après un enregistrement, cet essai inédit a les avantages d'un texte pour partie improvisé : un style direct et très accessible. Adorno y recense les « trucs » auxquels recourt le discours d'extrême-droite, et qui ressemblent à ceux qui reviennent actuellement en vogue sur les réseaux sociaux : la volonté de mêler tous les problèmes dans une accumulation de faits invérifiables ; la « méthode du salami », ou le fait de découper, dans un complexe de réalités, une réalité particulière sur laquelle on concentre le débat ; l'utilisation d'arguments absurdes, etc.
En somme, Adorno décrivait en 1967, à peu de choses près, une réalité proche de celle de nombreux pays européens aujourd'hui.
Sa conclusion est un appel à l'intelligence et au combat : refusant de pronostiquer l'avenir de ces mouvements, Adorno rappelle que « la manière dont ces choses évolueront, et la responsabilité de cette évolution, tiennent en dernière instance à nous-mêmes». -
L'enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes
Jean-claude Michéa
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- 4 Août 2011
- 9782081235472
En dépit des efforts de la propagande officielle, il est devenu difficile, aujourd'hui, de continuer à dissimuler le déclin continu de l'intelligence critique et du sens de la langue auquel ont conduit les réformes scolaires imposées, depuis trente ans, par la classe dominante et ses experts en " sciences de l'éducation ".
Le grand public est cependant tenté de voir dans ce déclin un simple échec des réformes mises en oeuvre. L'idée lui vient encore assez peu que la production de ces effets est devenue progressivement la fonction première des réformes et que celles-ci sont donc en passe d'atteindre leur objectif véritable: la formation des individus qui, à un titre ou à un autre, devront être engagés dans la grande guerre économique mondiale du XXIe siècle. Cette hypothèse, que certains trouveront invraisemblable, conduit à poser deux questions.
Quelle étrange logique pousse les sociétés modernes, à partir d'un certain seuil de leur développement, à détruire les acquis les plus émancipateurs de la modernité elle-même ? Quel mystérieux hasard à répétition fait que ce sont toujours les révolutions culturelles accomplies par la Gauche qui permettent au capitalisme moderne d'opérer ses plus grands bonds en avant ? -
Le rêve américain est mort. Ce qui était possible autrefois aux États-Unis - partir de rien et gravir l'échelle sociale grâce à son travail, son mérite, ses efforts, quel que soit son milieu d'origine - ne l'est plus aujourd'hui.
Pourquoi ? Parce que les inégalités n'ont jamais été aussi fortes, et la mobilité sociale jamais aussi réduite. Un cercle infernal voit la richesse et le pouvoir se concentrer dans les mains d'une infime minorité, qui applique la « vile maxime » d'Adam Smith : « Tout pour nous, rien pour les autres. »
Noam Chomsky appelle au réveil de la majorité, aux innombrables petits actes de personnes anonymes. Ce sont ces derniers qui pourront faire basculer notre avenir. -
Orwell anarchiste tory ; à propos de 1984 ; Orwell, la gauche et la double pensée
Jean-claude Michéa
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- 28 Octobre 2020
- 9782080240262
Anarchiste tory, c'est-à-dire anarchiste conservateur, c'est ainsi que George Orwell se présentait parfois, lorsqu'il était invité à se définir politiquement. Mais suffit-il qu'une position politique soit inclassable pour être incohérente ? Cet essai s'efforce précisément d'établir qu'il est possible d'être l'un des analystes les plus lucides de l'oppression totalitaire sans renoncer en rien à la critique radicale de l'ordre capitaliste ; que l'on peut être à la fois un défenseur intransigeant de l'égalité sans souscrire aux illusions « progressistes » et « modernistes » au nom desquelles s'accomplit désormais la destruction du monde.
En établissant la cohérence réelle de cette pensée supposée inclassable, cet essai met en évidence quelques-unes des conditions de cette indispensable critique moderne de la modernité, dont George Orwell est le plus négligé des précurseurs. -
Nos vies en séries ; les séries, une nouvelle école de philosophie
Sandra Laugier
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- 2 Octobre 2019
- 9782081496583
Les séries ont tout changé : nos loisirs, nos vies, notre rapport à la culture. La « sériephilie » que ces grands récits du XXIe siècle suscitent le prouve : elles sont le coeur de la culture populaire aujourd'hui. Pour Sandra Laugier, fan parmi les fans, elles produisent également une philosophie nouvelle - non pas une philosophie des séries, mais de véritables oeuvres de pensée. Aux ressorts traditionnels de la fiction (romans, films) -
identification à des personnages, représentations du monde -, la série oppose l'attachement, le care qu'elle suscite chez le spectateur. Aux stéréotypes de genre, elle substitue nombre d'individus singuliers, souvent des héroïnes, aux prises avec les épreuves de la vie ordinaire. En lieu et place de morale traditionnelle, elle bâtit un répertoire de situations, d'expériences et de formes de vie ; elle élabore une compétence du spectateur. Les séries sont le lieu d'une nouvelle conversation démocratique, telle est la thèse radicale de ce livre-somme de Sandra Laugier, pionnière en philosophie de l'étude des séries et du care en France. -
« Mon intention était de mettre à disposition du lecteur une sorte de boîte à outils philosophique, une cohérence suffisante pour autoriser un démontage élémentaire de l'Imaginaire capitaliste, tel qu'il domine à présent une part croissante de nos esprits.
L'idée, en effet, selon laquelle il serait possible de déconstruire l'emprise étouffante que l'Économie et la Technique modernes exercent sur notre vie quotidienne, sans procéder en parallèle à une décontamination systématique de nos imaginaires individuels, me paraît, à la lumière de décennies d'aventures politiques dont l'échec était programmé, définitivement naïve et utopique [...]. On le voit, il s'agissait moins, dans cet essai, d>exposer la philosophie politique de George Orwell dans sa vérité historique, que d'en mettre à l'épreuve les catégories fondamentales pour essayer de penser, aussi précisément que possible, le cours présent des choses et ce vers quoi il nous emporte. Tel est, je crois, l'usage le plus fidèle des leçons d'un éducateur. » -
En février 1943, Claude-Edmonde Magny écrit cette Lettre sur le pouvoir d'écrire à Jorge Semprún. Dans son « homélie » adressée au « jeune poète », elle explique avec force en quoi consiste le pouvoir d'écrire : « Écrire est une action grave, qui ne laisse pas indemne celui qui la pratique. Une fois engagé dans cette voie, il n'est pas de retour en arrière qui soit possible - pas plus d'ailleurs que lorsqu'on est engagé dans un progrès spirituel quelconque. » Elle conclut : « Mon cher Jorge, je ne saurais trop vous conseiller de réfléchir avant de vous consacrer tout entier à un exercice si vain, si dangereux, et qui mesure si implacablement le degré de réalité spirituelle auquel il a été donné à l'homme de parvenir. »
Jorge Semprún ne lira cette lettre que deux ans plus tard, en 1945, à son retour de Buchenwald. Elle l'accompagnera sa vie durant.
Adaptation Studio Flammarion -
Le plus beau but était une passe ; écrits sur le football
Jean-claude Michéa
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- 4 Avril 2018
- 9782081443860
Nouvelle édition
« Le football s'est progressivement transformé en sport business et en sport spectacle, où les valeurs traditionnelles du beau jeu et du fairplay sont en voie de disparition parce qu'elles ne sont pas rentables. Il est certain, en effet, qu'aux yeux des classes dominantes l'industrie du football représente un élément décisif du soft power, ou de ce contrôle du temps de cerveau disponible destiné à faire passer l'amère potion libérale. Au même titre, là encore, que l'industrie de la mode, l'univers numérique ou celui de la world music et de ses concerts géants. Avec, toutefois, cette différence notable qu'il est à peu près impossible d'exercer le moindre regard critique sur la dynamique du capitalisme en se situant, par exemple, à l'intérieur du monde de la mode - puisque celle-ci ne constitue que le commentaire poétique de cette dynamique déshumanisante. Alors que l'univers du football offre encore un certain nombre de prises à une vision non capitaliste de la vie. » -
Le loup dans la bergerie ; qui commence par Kouchner finit toujours par Macron
Jean-claude Michéa
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- 19 Septembre 2018
- 9782081437203
Au rythme où progresse le brave new world libéral - synthèse programmée de Brazil, de Mad Max et de l'esprit calculateur des Thénardier -, si aucun mouvement populaire autonome, capable d'agir collectivement à l'échelle mondiale, ne se dessine rapidement à l'horizon (j'entends ici par «autonome» un mouvement qui ne serait plus soumis à l'hégémonie idéologique et électorale de ces mouvements «progressistes» qui ne défendent plus que les seuls intérêts culturels des nouvelles classes moyennes des grandes métropoles du globe, autrement dit, ceux d'un peu moins de 15 % de l'humanité), alors le jour n'est malheureusement plus très éloigné où il ne restera presque rien à protéger des griffes du loup dans la vieille bergerie humaine. Mais n'est-ce pas, au fond, ce que Marx lui-même soulignait déjà dans le célèbre chapitre du Capital consacré à la «journée de travail»? «Dans sa pulsion aveugle et démesurée, écrivait-il ainsi, dans sa fringale de surtravail digne d'un loup-garou, le Capital ne doit pas seulement transgresser toutes les limites morales, mais également les limites naturelles les plus extrêmes.» Les intellectuels de gauche n'ont désormais plus aucune excuse.
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Faire la morale aux robots ; une introduction à l'éthique des algorithmes
Martin Gibert
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- 7 Avril 2021
- 9782080251114
Une voiture pilotée par une intelligence artificielle est face à un choix tragique : pour éviter un enfant qui traverse la route, elle doit écraser un vieillard sur le bas-côté. Que faire, qui sauver dans l'urgence ? Voilà un dilemme qui rappelle la fameuse expérience de pensée du tramway, et qui illustre les enjeux moraux de l'intelligence artificielle.
Comment programmer nos robots - de transport, militaires, sexuels ou conversationnels - pour qu'ils prennent les bonnes décisions lorsqu'ils sont confrontés à des choix ? Quelle morale pour les robots ? Y en a-t-il, comme nous, de bons et de mauvais ?
S'intéresser à l'éthique des algorithmes, c'est plonger au coeur de nos différentes intuitions et théories morales, questionner nos biais et préjugés, mais aussi explorer un nouveau domaine de la
philosophie, expliqué avec clarté et humour par Martin Gibert, chercheur en éthique de l'intelligence artificielle. -
Le manifeste de 1971 ; l'avenir de la société industrielle
Théodore Kaczynski
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- 13 Avril 2010
- 9782081241091
Les États-Unis l'appelaient « Unabomber ». De 1978 à 1996, il a défié le FBI et la CIA qui mirent sa tête à prix pour un million de dollars. Pendant dix-huit ans, Kaczynski a envoyé par la poste des colis piégés à des professeurs d'université, des vendeurs d'ordinateurs, des patrons de compagnies aériennes... Bilan : 3 morts et 23 blessés. En 1995, il obtient sous la menace la publication dans le Washington Post et dans le New York Times d'un manifeste intitulé L'Avenir de la société industrielle. En 1996, il est finalement arrêté grâce à son frère qui reconnaît dans le Manifeste de 1971 l'esquisse de ce texte. Influencé par les travaux de Jacques Ellul, Theodore Kaczynski voit dans la technologie « une force sociale plus puissante que le désir de liberté » et, diagnostiquant « l'impossibilité de réformer le complexe industrialo-technologique », appelle à sa destruction pure et simple. La folie, la radicalité de ses propos et de ses actes ne disqualifient pas pour autant l'évidence révolutionnairement incorrecte des deux textes contenus dans ce volume : Le Manifeste de 1971, inédit en français, et L'Avenir de la société industrielle. Ils sont préfacés et annotés par Jean-Marie Apostolidès, qui fut le premier en France à faire connaître les écrits de Theodore Kaczynski.