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Éditeurs
Editions du Sous-Sol
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Aliène
Phoebe Hadjimarkos clarke
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 5 Janvier 2024
- 9782364687523
Fauvel a perdu un oeil suite à un tir de LBD. Elle accepte de garder la chienne du père d'une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Hannah n'est pas un chien comme les autres, c'est le clone d'une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu'on découvre au matin des animaux massacrés, et qu'elle-même rentre parfois ensanglantée.
Cette situation est le point de départ d'un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif, la plupart du temps fantomatique. Jamais l'assaillant n'est clairement nommé, jamais la cible n'est clairement identifiée. Fauvel sait être une proie, mais de qui ? Dans le village, un groupe de chasseurs, tous ouvriers ou anciens ouvriers de l'usine d'eau minérale, peu loquaces et mal lotis par la vie, font naître les fantasmes, tantôt sexuels, tantôt horrifiques. Et plus particulièrement chez Fauvel, coupée du monde par sa conscience éparpillée, et chez Mitch, un jeune sociologue qui enquête sur les récits d'enlèvements par les extraterrestres, nombreux dans la région, surtout chez les anciens ouvriers de l'usine.
Au fil d'une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d'animalité et de violence. À travers la proximité, voire l'amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l'instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force. -
À vingt-cinq ans, Sofia travaille comme serveuse en attendant de finir peut-être, un jour, sa thèse. Elle semble avoir mis sa vie entre parenthèses pour s'occuper de sa mère, Rose, qui souffre d'une mystérieuse maladie des os.
Toutes deux quittent Londres pour la côte andalouse, où Rose est prise en charge au sein de la luxueuse clinique du très controversé docteur Gómez, un médecin aux méthodes et aux motivations douteuses, mais qui apparaît comme son ultime chance de guérir.
Enivrées par la chaleur épaisse et la séduction des corps sur la plage envahie de méduses, les deux femmes voient leur relation imploser quand Sofia rencontre Ingrid Bauer, une jeune allemande qui réveille son désir et sa quête d'identité.
À travers les figures opposées de la mère et de la fille, Deborah Levy déploie un roman initiatique aux allures d'éducation sentimentale à la Sagan, une ode sensuelle et intemporelle à la puissance féminine.
"J'enquête sur les symptômes de ma mère depuis aussi loin que je m'en souvienne. Si je me considère comme une détective accidentelle mue par un désir de justice, cela fait-il de sa maladie un crime non résolu ? Si oui, qui est le coupable et qui est la victime ? -
Mythologie du .12
Célestin De Meeûs
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 22 Août 2024
- 9782364688445
C'est l'histoire d'un jour de solstice d'été au milieu de nulle part. C'est l'histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d'un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer et à enchaîner les bières et les joints.
C'est l'histoire d'un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s'enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant.
C'est l'histoire d'une soirée qui n'en finit pas, d'un snack sur le bord de la route, d'un trip dans la nature et d'une petite cabane au bord de l'eau, de Max et de Théo, de Rombouts et du tenancier de Chez Moustache, d'un médecin à la dérive, de traînards, de la haine et de l'ennui, de ce qu'on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l'ivresse et de la violence. -
La petite soeur : Un portrait de Silvina Ocampo
Mariana Enriquez
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 22 Août 2024
- 9782364688421
"Dans ce portrait, on trouve une Silvina morcelée, une femme à recomposer.'Affublée de ses lunettes noires à montures blanches, ses éternelles baskets rouges aux pieds, l'insaisissable Silvina Ocampo, à l'instar d'une Clarice Lispector ou d'une Amparo Dávila, est l'une des figures les plus talentueuses et étranges de la littérature sud-américaine.
Fille d'une famille aristocratique argentine, nouvelliste saluée par ses pairs mais méconnue du grand public de son vivant, elle est l'objet de nombreux mythes entourant son oeuvre aussi bien que sa vie privée. Il y a cette langue singulière, qui lui vient peut-être de son éducation francophone.
Il y a la relation particulière qu'elle entretenait avec son mari, Adolfo Bioy Casares. Son amitié changeante et bavarde avec Borges, qui chaque soir dînait chez eux. Ses rapports ambigus avec sa soeur aînée, l'olympienne Victoria Ocampo. Les liaisons qu'on lui prête, entre autres avec la poétesse Alejandra Pizarnik. Et ses prémonitions inquiétantes...
À travers de nombreuses sources et les témoignages de son entourage, Mariana Enriquez questionne les mythes, lève parfois le voile sur les secrets et observe avec une intensité unique la vie de la petite soeur discrète qui aimait à se cacher. Le résultat est le portrait sensible et émouvant d'une femme attachante et sombre, intelligente et doucement perverse, possédant une imagination débordante (et des jambes spectaculaires). L'occasion pour l'autrice de
Notre part de nuit de revendiquer avec force l'héritage d'Ocampo,
sa grande soeur en littérature. -
La position de la cuillère et autres bonheurs impertinents
Deborah Levy
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 12 Mai 2023
- 9782364686885
Et si Deborah Levy nous ouvrait les portes de sa bibliothèque personnelle ? Si elle nous emmenait à la découverte des artistes qui l'inspirent et la secouent ? Et si, en passant, elle nous livrait une anecdote savoureuse impliquant les petites cuillères, son voisin de palier et Nietzsche ? Tour à tour jeune femme aux yeux noircis de khôl, ses fidèles creepers aux pieds pour arpenter le Londres underground des années 1970, déjà fascinée par Colette et Simone de Beauvoir, amante féministe relisant Marguerite Duras et Sigmund Freud et Violette Leduc et Roland Barthes, voyante lorsqu'il s'agit de scruter l'âme des artistes qui l'obsèdent - Édouard Manet, Lee Miller, Francesca Woodman -, à l'affût du monde sous toutes ses coutures - technologie, pandémie, gastronomie... - Deborah Levy nous livre au fil de ces textes réjouissants, rassemblés ici pour la toute première fois, un véritable traité de l'indiscipline et une plongée revigorante dans son intimité loufoque et érudite.
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Un divorce forcément douloureux, une grande maison victorienne troquée contre un appartement en haut d'une colline dans le nord de Londres, deux filles à élever et des factures qui s'accumulent... Deborah Levy a cinquante ans quand elle décide de tout reconstruire, avec pour tout bagage, un vélo électrique et une plume d'écrivain. L'occasion pour elle de revenir sur le drame pourtant banal d'une femme qui s'est jetée à corps perdu dans la quête du foyer parfait, un univers qui s'est révélé répondre aux besoins de tous sauf d'elle-même. cette histoire ne lui appartient pas à elle seule, c'est l'histoire de chaque femme confrontée à l'impasse d'une existence gouvernée par les normes et la violence sournoise de la société, en somme de toute femme en quête d'une vie à soi.
Ce livre éblouissant d'intelligence et de clarté, d'esprit et d'humour, pas tant récit que manifeste, ouvre un espace où le passé et le présent coexistent et résonnent dans le fracas incessant d'une destinée. Le Coût de la vie tente de répondre à cette question : que cela signifie-t-il pour une femme de vivre avec des valeurs, avec sens, avec liberté, avec plaisir, avec désir ? La liberté n'est jamais gratuite et quiconque a dû se battre pour être libre en connaît le coût. Marguerite Duras nous dit qu'une écrivaine doit être plus forte que ce qu'elle écrit. Deborah Levy offre en partage cette expérience. -
Nous avions quitté Deborah Levy gravissant sur son vélo électrique les collines de Londres et écrivant dans une cabane au fond d'un jardin. Nous la retrouvons, plus impertinente et drôle que jamais, prête à réinventer une nouvelle page de sa vie. Tandis que ses filles prennent leur envol, elle nous
emmène aux quatre coins du monde, de New York aux îles Saroniques en passant par Mumbai, Paris ou Berlin, tissant une méditation exaltante et follement intime sur le sens d'une maison et les fantômes qui la hantent.
Entremêlant le passé et le présent, le personnel et le politique, la philosophie et l'histoire littéraire, convoquant Marguerite Duras ou Céline Sciamma, elle interroge avec acidité et humour le sens de la féminité et de la propriété.
Par l'inventaire de ses biens, réels ou imaginaires, elle nous questionne sur notre propre compréhension du patrimoine et de la possession, et sur notre façon de considérer la valeur de la vie intellectuelle et personnelle d'une femme.
Pour être romancière, une femme a besoin d'une chambre à soi, nous disait Virginia Woolf. Deborah Levy complète ce tableau par l'étude d'une demeure pour soi.
Avec État des lieux, qui fait suite à Ce que je ne veux pas savoir et Le Coût de la vie, prix Femina étranger 2020, Deborah Levy clôt son projet d'"autobiographie en mouvement', ou comment écrire sa vie sans mode d'emploi. -
Ce que je ne veux pas savoir
Deborah Levy
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 20 Août 2020
- 9782364684515
Deborah Levy revient sur sa vie. Elle fuit à Majorque pour réfléchir et se retrouver, et pense à l'Afrique du Sud, ce pays qu'elle a quitté, à son enfance, à l'apartheid, à son père - militant de l'ANC emprisonné -, aux oiseaux en cage, et à l'Angleterre, son pays d'adoption. À cette adolescente qu'elle fut, griffonnant son exil sur des serviettes en papier. Telle la marquise Cabrera se délectant du "chocolat magique', elle est devenue écrivaine en lisant Marguerite Duras et Virginia Woolf. En flirtant, sensuelle, avec les mots, qui nous conduisent parfois dans des lieux qu'on ne veut pas revoir. Ce dessin toujours inédit que forme le chemin d'une existence.
Ce que je ne veux pas savoir est une oeuvre littéraire d'une clarté éblouissante et d'un profond secours. Avec esprit et calme, Deborah Levy revient sur ce territoire qu'il faut conquérir pour écrire. Un livre talisman sur la féminité, la dépression, et la littérature comme une opération à coeur ouvert. -
Le musée des contradictions
Antoine Wauters
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 4 Mars 2022
- 9782364686342
Des voix s'élèvent, s'approchent du centre de la scène qu'est ce livre et s'expriment. Ce qui les lie, c'est qu'elles portent toutes des contradictions. On pourrait s'en inquiéter, dans un monde où il faut constamment choisir son camp. Mais ici, l'homme n'est ni bon ni mauvais. Il hésite, souffre, espère et doute, comme nous tous. N'est-ce pas là l'expérience qui est la nôtre aujourd'hui ? Chercher tant bien que mal à accorder nos paroles et nos actes ? Tenter de trouver du sens là où il n'y en a plus ? Voir que les choses sont sans espoir, et pourtant être résolu à vouloir les changer ?
Une adresse aux lecteurs qui intensifie la poésie, une façon de se réapproprier le discours sous forme de nouvelles. Antoine Wauters va toujours plus avant dans l'exploration des frontières du roman, et nous le suivons. -
Le colonel ne dort pas
Emilienne Malfatto
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 19 Août 2022
- 9782364686656
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office.
La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.
Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes.
On pense au Désert des Tartares de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus - à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux Quatre soldats de Hubert Mingarelli. -
Les Naufragés du Wager
David Grann
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 25 Août 2023
- 9782364684126
En 1740, le vaisseau de ligne de Sa Majesté le HMS Wager, deux cent cinquante officiers et hommes d'équipage à son bord, est envoyé au sein d'une escouade sous le commandement du commodore Anson en mission secrète pour piller les cargaisons d'un galion de l'Empire espagnol. Après avoir franchi le cap Horn, le Wager fait naufrage.
Une poignée de malheureux survit sur une île désolée au large de la Patagonie. Le chaos et les morts s'empilant, et face à la quasi-absence de ressources vitales, aux conditions hostiles, certains se résolvent au cannibalisme, des mutineries éclatent, le capitaine commet un meurtre devant témoins. Trois groupes s'affrontent quant à la stratégie à adopter pour s'en échapper. Alors que tout le monde croyait que l'intégralité de l'équipage du Wager avait disparu, un premier groupe de vingt-neuf survivants réapparaît au Brésil deux cent quatre-vingt-trois jours après la catastrophe maritime. Puis ce sont trois rescapés de plus qui atteignent le Brésil trois mois et demi plus tard. Mais une fois rentrés en terres anglicanes, commence alors une autre guerre, des récits cette fois, afin de sauver son honneur et sa vie face à l'Amirauté et au grand public.
Reconstitution captivante d'un monde disparu, Les Naufragés du Wager de David Grann est un formidable roman d'aventures et une réflexion saisissante sur le sens des récits. Un grand livre par l'un des maîtres de la littérature du réel. -
Dedalus du Lower East Side, Joseph Mitchell a su peindre les rues du vieux Manhattan comme retranscrire la drôlerie désespérée de sublimes anonymes bringuebalant l'Histoire dont ils sont les héritiers. Chacun de ses caractères entonne tour à tour son aria : le patron d'un restaurant, le marin-pêcheur, l'ostréiculteur, le prêcheur composent l'oratorio d'une cité en perpétuel mouvement. La déambulation hasardeuse de l'arpenteur urbain est à l'image de ses digressions fulgurantes : imbriquées les unes dans les autres comme les blocks aux quartiers. Quand en 1960 paraît Le Fond du port, Joseph Mitchell a cinquante et un ans. Soutier du journalisme, il est devenu un auteur littéraire à part entière. L'attention au détail, le sens de la construction, la minutie obsessionnelle, il avait élevé le reportage au rang d'art et mêlé fiction et réalité avec une maestria inégalée. Inoubliable volume, Le Fond du port, tient autant de la chronique d'un temps révolu que de la collection littéraire, au sens d'un inventaire cabossé par la poésie des rues et des noms, Fulton Street, Louie Morino, M. Hunter comme autant de notes d'un blues du macadam.
"Voilà ce qu'aurait pu écrire Borges s'il avait été originaire de New York.' Martin Amis
''Les autres livres de Joseph Mitchell - Le Merveilleux Saloon de McSorley, Old Mr. Flood, Le Secret de Joe Gould - sont superbes, mais ils sont au Fond du port ce que Tom Sawyer et Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur sont à Huckleberry Finn.'' Janet Malcolm -
Cambrai 1917. Sur un champ de bataille, John, un soldat, gît à terre à la suite d'une explosion, incapable de bouger ou de sentir ses membres. Il voit ses souvenirs défiler avant de s'évanouir dans une tempête de neige.
Nord du Yorkshire 1920. John revient de la guerre vivant mais amputé d'une jambe. Il retrouve sa femme Helena, une artiste. Il reprend son activité de photographe et s'efforce de continuer à vivre. Mais le passé fait irruption avec insistance dans le présent, alors que des fantômes apparaissent sur des clichés, des visages qu'il ne se souvient pas avoir photographiés.
Ainsi commence un récit sur quatre générations, une série d'histoires interconnectées sur près d'un siècle, tissant un texte pareil à un morceau de musique dont chaque mouvement répéterait un certain nombre de motifs, et ses variations : les liens qui unissent les êtres, dans la vie comme dans la mort ; la fugacité de l'existence ; la différence entre savoir et comprendre ; l'art comme une forme d'amour. -
Banzeiro Òkòtó : L'Amazonie, le centre du monde
Eliane Brum
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 12 Septembre 2024
- 9782364688452
"Libérer l'avenir n'est pas une petite idée sympathique, inoffensive ou mignonne. C'est une insurrection.'
Banzeiro est ce que les peuples d'Amazonie appellent l'endroit où la rivière se transforme en un redoutable vortex. Òkòtó, dans la langue yoruba, désigne une coquille qui s'enroule vers l'infini. Ces mots, intraduisibles, sont au coeur de la démarche d'Eliane Brum. Son outil, c'est l'écoute. Il y a les témoignages qu'on lui confie, il y a les mots-cicatrices des corps réduits au silence. Il y a le langage de la forêt et le murmure de la rivière. Celui du Xingu, qui se tarit depuis qu'un monstrueux barrage le défigure, non loin d'Altamira, la plus grande ville du Brésil, et la plus dangereuse où l'autrice s'est installée en 2017. Car il n'y a pas d'autre foyer possible quand la planète brûle. Depuis le chaos où elle écrit ce livre, sous le mandat de Jair Bolsonaro, c'est tout son corps de femme devenue forêt qui écoute l'Amazonie pour nous restituer son cri, intime, organique, poétique et politique.
Tel le Xingu, qui ondule à mesure qu'il coule,
Banzeiro òkòtó est un récit implacable et remarquablement documenté sur la lutte contre la destruction de l'environnement et le rôle central qu'y tient l'Amazonie, centre du monde. -
Quelque chose de brillant avec des trous
Maggie Nelson
- Editions du Sous-Sol
- 8 Mars 2024
- 9782364685604
"Tu n'as pas la moindre idée
du genre de lumière que tu laisseras entrer
quand tu feras tomber ce bol,
aucune idée
de ce qui te remplira"
Maggie Nelson
Poétesse, essayiste et critique d'art américaine née en 1973, elle s'est affranchie du carcan des genres littéraire établis.
Mêlant avec brio écriture autobiographique et théorie critique, Maggie Nelson a fait de ses questionnements sur la famille, le genre, la violence sexuelle, l'histoire de l'avant-garde et la philosophie des sujets de prédilection. Recueil paru en 2007 aux Etats-Unis, Quelque chose de brillant avec des trous est une méditation intemporelle sur la perte et la liberté. -
Dans le sillage des Pensées de Pascal citées en exergue, Bleuets est un objet hybride quelque part entre l'essai, le récit, le poème. Deux cent quarante fragments composent cette méditation poétique, intime et obsessionnelle autour d'une couleur, le bleu. Le deuil, le sentiment amoureux, la mélancolie sont autant de thèmes chers à Maggie Nelson ici abordés dans une maïeutique convoquant l'art et la beauté entre deux digressions introspectives ou savantes, des fantasmes de l'auteure à des approfondissements autour de la pensée de Platon ou de Goethe, en passant par l'oeuvre d'un Warhol ou d'un Klein ou la musique de Leonard Cohen. Laissons-nous séduire par cette déclaration d'amour fou à une couleur, un livre à ranger précieusement entre les Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes et Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman.
"Et si je commençais en disant que je suis tombée amoureuse d'une couleur. Et si je le racontais comme une confession ; et si je déchiquetais ma serviette en papier pendant que nous discutons. C'est venu petit à petit. Par estime, affinité. Jusqu'au jour où (les yeux rivés sur une tasse vide, le fond taché par un excrément brun et délicat enroulé sur lui-même pareil un hippocampe), je ne sais comment, ça a pris un tour personnel."
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy -
Chiennes de garde
De La Cerda Dahlia
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 1 Mars 2024
- 9782364687196
Une jeune héritière d'un empire narco fait construire une tombe digne d'un palace à sa meilleure amie assassinée ; une migrante tuée revient à la vie, bien résolue à se venger de ses agresseurs ; une sorcière invoque le seigneur des Ténèbres pour se débarrasser de sa voisine et de ses chiens qui défèquent dans son jardin ; une femme devient tueuse à gages pour subvenir aux besoins de sa famille...
Qu'elles soient femmes au foyer, influenceuses, trafiquantes, riches ou pauvres, les héroïnes de Chiennes de garde sont déterminées à résoudre leurs problèmes par elles-mêmes, car elles savent que, s'il y a bien une chose sur laquelle elles ne peuvent pas compter, c'est sur l'aide de Dieu.
Composé de treize histoires liées, aussi féroces que fascinantes, ce premier livre de Dahlia de la Cerda décrit sans complaisance les difficultés et les dangers dus au simple fait d'être née femme au Mexique. Écrites à la première personne, ces histoires offrent au lecteur une plongée dans les différentes réalités, sociales et politiques, de ce pays. Dotée d'un talent immense pour restituer le discours de rue et d'une bonne dose d'humour noir, Dahlia de la Cerda nous rappelle que "la vie est une chienne, c'est pour ça qu'il faut ruer dans les brancards'.
"Le Mexique est un énorme monstre qui dévore les femmes.
Le Mexique est un désert fait de poudre d'os.
Le Mexique est un cimetière de croix roses.
Le Mexique est un pays qui déteste les femmes. -
L'absence est une femme aux cheveux noirs
Emilienne Malfatto, Rafael Roa
- Editions du Sous-Sol
- 5 Avril 2024
- 9782364687745
C'est un pays qui veut et qui ne veut pas se souvenir. Ce sont les fantômes de la dictature et les noyés d'un fleuve mensonger. C'est la recherche d'une forme de vérité et d'une mémoire fuyante dans les rues de Buenos Aires et dans les villes argentines où trente mille personnes ont disparu lors de la dernière dictature (1976-1983), et où des centaines d'enfants furent volés par les militaires pour éradiquer le "gène rouge'.
Quarante ans après le retour de la démocratie, dans un pays qui vient de voter contre lui-même, il manque encore des gens en Argentine. Les disparus le sont toujours. Les familles attendent. Certaines personnes ignorent qui elles sont réellement. Dans ce flou permanent, une femme, la narratrice, cherche à percevoir des fragments de cette mémoire voilée et volée sur une terre où, peut-être, s'est jouée une partie de sa propre histoire familiale.
L'absence est une femme aux cheveux noirs est fait d'images de flou et d'ombres, des photographies comme des éclairs de songes, et un texte fragmenté, comme des trous de mémoire, comme un monologue qui parfois s'emballe et devient fou. Et où, pourtant, tout est vrai.
Une déambulation littéraire et visuelle puissante, où les stigmates du passé se réveillent au contact d'un présent terrible. -
Dans cette pièce, il y a deux filles. C'est leur histoire d'amour. Leur désir de fusion. Devenir une seule. Comprendre l'autre parfaitement. Quelque chose d'impossible. Le zéro.
"tu voudrais inverser les choses jusqu'à ce qu'elle ne soient plus des choses
oui
tu voudrais que je le fasse pour toi
oui
est-ce que tu voudrais que je le fasse pour toi
oui
est-ce que tu voudrais qu'il n'y ait plus un chemin de la naissance à la mort
oui
tu veux la guérison pour tout ce qui existe
oui -
Le journaliste et l'assassin
Janet Malcolm
- Editions du Sous-Sol
- Souterrains
- 19 Janvier 2024
- 9782364687820
S'aventurer dans la lecture d'un livre de Janet Malcolm est une tâche aussi passionnante que dangereuse. Il faut parfois effectuer maints détours pour approcher et saisir le coeur de ce qui nous concerne. Le Journaliste et l'Assassin ne fait pas exception et c'est par le biais d'un fait divers que Janet Malcolm interroge la relation entre l'écrivain et son sujet.
L'histoire est à tiroirs : le 17 février 1970, une mère et ses deux fillettes sont retrouvées assassinées dans leur appartement. Jeffrey MacDonald, le père blessé, ancien médecin militaire, est d'abord innocenté avant que les soupçons nombreux n'en fassent le principal suspect. Un écrivain sans succès, Joe McGinniss, s'intéresse à l'affaire et entre en contact avec le présumé coupable et ses avocats. Une relation d'amitié naît, les deux hommes se côtoient jusqu'au procès, échangent, s'écrivent, se confient jusqu'au verdict qui condamne MacDonald à la prison à vie. Accablé, l'écrivain ne cesse de témoigner son affection et sa tristesse dans leur correspondance. Quatre ans plus tard, le livre paraît. Mais à la grande stupéfaction du prisonnier, celui qu'il croyait être son ami offre un portrait à charge d'un homme qu'il considère comme un psychopathe et dont la culpabilité est à ses yeux une certitude. MacDonald du fond de sa cellule attaque le journaliste pour "tromperie et violation du contrat'. C'est le début d'une folle affaire judiciaire dont l'objet n'est autre que ce dilemme moral posé à quiconque s'empare par la plume de la vie des autres.
Le journaliste qui n'est ni trop bête ni trop imbu de lui-même pour regarder les choses en face le sait bien : ce qu'il fait est moralement indéfendable. -
Quand Marcelo disparaît, Irene rassemble ses économies, quitte Madrid et embarque pour un voyage autour de la Méditerranée à bord d'un cabriolet. De restaurants en hôtels de luxe, de la Cinecittà à Sète, des décors de Ben-Hur aux cimetières marins, chaque escale a son lot de solitude et de rencontres. Telle une sorcière de l'amour invoquant le fantôme de Marcelo, elle ressuscite l'homme de sa vie dans le corps consommé des amants qu'elle collectionne, jusqu'à ce que le roman d'amour prenne des allures de thriller dramatique, et la quête amoureuse celle d'une quête d'immortalité...
Portrait sublimé et fantasque d'une femme à la dérive, habitée par la lecture d'un Cervantès, les disques d'un Lou Reed, ou encore le souvenir d'un Fellini réinventé, Irene est aussi une profonde réflexion sur le temps et la folie, qui a valu à Manuel Vilas, auteur d'Ordesa et d'Alegría, le prestigieux prix Nadal du meilleur roman espagnol. -
Les derniers jours de Roger Federer et autres manières de finir
Geoff Dyer
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 3 Mai 2024
- 9782364687158
Quand la fin s'installe-t-elle ?
Dans ce récit fragmentaire, Geoff Dyer confronte sa propre expérience de l'âge aux derniers jours et aux dernières réalisations d'écrivains, de peintres, d'athlètes et de musiciens qui ont compté pour lui. Avec un charme inouï et une intelligence rare, il examine l'effondrement de Nietzsche àCe livre des fins - les intensifications et les modifications de l'expérience qui surviennent lorsque la vie telle que nous la connaissons semble toucher à son terme - traite également de la façon dont on peut continuer à vivre avec l'art et la beauté. Mêlant critiques, mémoires et saillies réflexives, Les Derniers Jours de Roger Federer est un condensé de l'art si singulier de Geoff Dyer et une parfaite introduction à son oeuvre. -
Le livre du large et du long
Laura Vazquez
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 10 Mars 2023
- 9782364686809
Une épopée versifiée, imaginée comme une exploration du monde par les actions, les gestes, les aventures.
La narratrice vit des scènes et des idées, dans son esprit et en dehors, à toute allure. Elle est tour à tour et à la fois : folle, amoureuse, malade, sage, inquiète, calmée.
Un livre comme une encyclopédie incarnée, libre et subjective, une lecture et une auscultation du monde, allant des plus petites choses : la peau, les insectes, les atomes ; aux plus larges : les populations humaines, la guerre, les ciels. Des choses les plus intérieures : les sensations, les questionnements propres ; aux plus matérielles : la médecine, l'anatomie, l'architecture.
Une foi dans le langage rendu à sa force et à sa netteté, à ses trouvailles "brisant les verrous des choses', un vif désespoir éclatant, un humour et une vivacité, un livre aussi réjouissant que troublant.
Après La Semaine perpétuelle (Éditions du sous-sol, mention spéciale du jury prix Wepler 2021) et son anthologie Vous êtes de moins en moins réels (Points, 2022), Laura Vazquez creuse une différence, un courage. -
En 1973, Tom Wolfe inventait l'expression "Nouveau Journalisme' pour désigner ce type de reportage à mi-chemin du récit et du roman. L'auteur de L'Étoffe des héros, lui-même coutumier de cet effacement des frontières entre fiction et non-fiction, théorisait dans l'anthologie réunissant quelques-uns de ces "nouveaux journalistes' (Joan Didion, Norman Mailer, Hunter S. Thompson, Truman Capote, etc.) une écriture qui dans sa forme même se rapprocherait de la littérature mais dont le souci des faits et de leur véracité déterminerait son but : rendre compte du réel, raconter, enquêter, révéler. "Une investigation artistique', écrivait-il, tordant davantage deux termes qui de prime abord semblaient incompatibles.
Près de cinquante ans après ce manifeste du Nouveau Journalisme, Robert S. Boynton reprend le flambeau et en actualise le propos en exposant l'importance et la variété du journalisme littéraire contemporain. À travers une série d'entretiens avec les grands noms du reportage, de William Finnegan à Gay Talese, de Michael Lewis à Jane Kramer, l'ouvrage dessine un art du reportage comme l'on écrirait un art du roman. Qu'il s'agisse de Ted Conover exposant ses techniques d'immersion dans une prison d'État, ou d'Adrian Nicole LeBlanc racontant dix ans de vie avec une famille du Bronx, ces conversations à bâtons rompus avec des légendes du reportage forment un bréviaire passionnant du genre.
"Quels sont pour vous les éléments de base d'un bon récit ?
Les mêmes que pour la fiction : des personnages, un conflit, une évolution dans le temps.
Et une forme de résolution, si vous avez vraiment de la chance. Mais la vie ne fonctionne pas vraiment comme ça.