Filtrer
Éditeurs
Langues
Accessibilité
FREDERIC BOYER
-
Les Évangiles rendent compte de l'enseignement de Jésus de Nazareth, jeune rabbi qui vécut au Ier siècle en Judée et en Galilée. Ils nous ont été transmis en grec, la langue commune du monde méditerranéen au début de notre ère, qui était aussi la langue de la diaspora juive. Ils incluent des traductions de discours et de citations de l'araméen et de l'hébreu. La langue des Evangiles est donc forgée de plusieurs horizons linguistiques, culturels et religieux, ce qui en fait de véritables tours de force littéraires.
Cette nouvelle traduction témoigne de l'inventivité linguistique et culturelle de ces textes, à la confluence de plusieurs mondes. Elle fait entendre, dans le texte évangélique, la pratique orale de la discussion, souvent vive et contradictoire, autour de l'enseignement de la Torah dans les synagogues et au Temple de Jérusalem. Elle revisite le vocabulaire traditionnel religieux, en revenant à la littéralité du grec ancien. Les Evangiles retrouvent ainsi leur dimension poétique et vivante.
L'évangile apparaît comme une performance : il réalise par l'écrit "l'annonce heureuse". On découvre ici une autre représentation de Jésus et de sa parole. Jésus cherche moins à culpabiliser qu'à libérer (ainsi le péché est traduit par "manque"). Il ne fonde pas une nouvelle religion mais souhaite donner un écho à la parole de la Torah, en direction de toutes les classes sociales. Composés en temps de crise, ces textes dialoguent avec notre époque.
Suivi d'un "Abrégé des Évangiles" résumant les épisodes. -
Le souci de la terre : Nouvelle traduction des Géorgiques précédée de Faire Virgile par Frédéric Boyer
Virgile
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 30 Mai 2024
- 9782073069825
À quoi peut bien nous servir de nos jours un tel ouvrage, rédigé dans la campagne italienne il y a plus de deux mille ans ? Virgile annonce son projet dès l'ouverture de son oeuvre : traiter des techniques et des arts de la res rustica, la matière agricole : travaux des champs, culture de la vigne, élevage et apiculture.
Retraduire aujourd'hui ce poème, c'était découvrir combien ce texte résonne avec nos préoccupations et notre sensibilité contemporaines : fragilité du vivant et des espaces naturels, lien des hommes à la terre, aux végétaux et aux animaux. Célébrer notre obscure condition terrestre dont nous semblons nous éloigner toujours davantage. C'était revenir à la source de ce texte étrange, qui sous prétexte d'agriculture s'ouvre sur une réflexion beaucoup plus vaste sur l'état du monde. Un livre rédigé dans une période trouble et sanglante, et qui en porte les cicatrices. C'était montrer enfin qu'il s'agissait d'un grand poème sur la beauté autant que sur l'instabilité du monde, la guerre, la pensée de la fin des êtres et des choses, la fuite du temps. -
Lorsque nous pensons à Phèdre, d'emblée s'impose à notre esprit l'image d'une fureur tragique, qui dévaste tout sur son passage. C'est oublier deux éléments : d'une part, la liberté dont use Phèdre quand elle s'oppose à l'autorité masculine, faisant d'elle une héroïne contemporaine capable de questionner les rapports de désir et de domination actuels ; et d'autre part, la puissance des passions qui aveuglent aussi bien Thésée qu'Hippolyte, conduisant tous les personnages dans le cercle infernal d'une violence indomptable.
En adaptant la version de Sénèque avec audace et poésie, Frédéric Boyer parvient à rendre dans une langue française contemporaine la vigueur de ce texte, qui résonne alors étrangement avec nos propres tourments. Comme si l'histoire de cette tragédie était d'abord celle de notre parole, celle que nous taisons, que nous refusons d'entendre, et qui soudain fait irruption sur la scène. -
Ceci est si intime et secret notre imagination si fantaisiste qui pourrait savoir qui devrait faire quoi quand pourquoi et comment ?
Dans une nouvelle traduction originale du sanscrit, voici cet étonnant rendez-vous avec une grammaire du désir, conjuguée à l'idée pratique d'une existence sensuelle, théâtralisée, vécue à coups de formules, de ruses, de syllogismes, de recettes ou de techniques diverses, et de poèmes. L'étude des plaisirs et du sexe est ici un art du bref, de la rapidité et de la récitation. Texte de l'Antiquité de l'Inde, le Kâmasûtra nous plonge aujourd'hui dans la mélancolie d'un monde perdu ou impossible. Celle d'une idéalisation sophistiquée de la comédie de moeurs, d'une trop parfaite écriture des équations menant à l'équilibre illusoire du plaisir et du néant. -
«J'ai voulu écrire cette tragédie comme un long poème en prose, sportif, souple et acéré. Bannir le romantisme de la traduction. J'ai voulu m'attacher à l'étrangeté poétique de ce monde perdu, peuplé de morts, et dans lequel les survivants tentent d'échapper à leur destin. Un roi non-roi, persécuté par sa propre souveraineté, des rivaux aussi féroces qu'aimants, un félon incapable d'assumer le régicide, une jeune reine résistante et dont la parole fait basculer le drame dans le non sense, pas si loin de Lewis Carroll.» Frédéric Boyer.