Filtrer
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Éditeurs
Langues
Formats
Prix
Editions Verdier
-
Vite, des cabanes. Pas pour s'isoler, vivre de peu, ou tourner le dos à notre monde abîmé?; mais pour braver ce monde, l'habiter autrement : l'élargir.
Marielle Macé les explore, les traverse, en invente à son tour. Cabanes élevées sur les ZAD, les places, les rives, cabanes de pratiques, de pensées, de poèmes. Cabanes bâties dans l'écoute renouvelée de la nature - des oiseaux qui tombent ou des eaux qui débordent -, dans l'élargissement résolu du « parlement des vivants », dans l'imagination d'autres façons de dire nous. -
Précis de médecine imaginaire
Emmanuel Venet
- Editions Verdier
- Littérature française
- 27 Novembre 2012
- 9782864327042
Notre rapport à la médecine dépasse la réalité car cette science nous semble détenir une part de notre destin. De ce diagnostic découle l'évidence d'une « médecine imaginaire ».Si la pratique de cet art, la maladie et ses thérapeutiques cristallisent l'imaginaire de chacun, ces images sont étonnamment hétérogènes : la connaissance s'y mêle avec l'obscur, la raison à la folie. Chacun des noms qu'elles portent appelle ce cortège étrange aussi prompt à provoquer la gravité que le rire d'autant plus juste qu'il est grave.La voix d'Emmanuel Venet prend en charge cet hétéroclite par quoi nous assumons notre sort, et « s'impose la nécessité de rendre à la médecine la part de poésie qu'elle rechigne à assumer ». Alors sa langue résonne comme une évidence. On habite sa fiction comme une réalité qui nous appartient.Il n'est pas question ici de la vérité, mais des vérités de la médecine que ce texte fait vivre en creux, avec jubilation, pour notre grande guérison.
-
Denise s'est entichée de Paul, le narrateur. C'en était gênant au début. Alors, malgré ses habitudes volontiers casanières, il n'a pas refusé. Ensemble, ils ont passé un an dans son appartement parisien, une année de routine sans tellement se divertir. Lui, le matin, se rend à son bureau quand elle ne sort pas, car Denise est un chien, de bonne taille, un bouvier bernois, une femelle, ancienne élève de l'école des chiens d'aveugle, un cancre recalé pour sa couardise urbaine. Jeune de quatre ans, elle avait de faux airs de Bakounine.
Entre eux, l'ordinaire des sempiternelles vadrouilles urbaines se limite à trois sorties quotidiennes dans une géographie relevant plus du pâté que du quartier, un pâté autour duquel ils tournent ensemble, sans varier, des flâneries au carré. Elle s'en contente, en bête, la langue souriante, le croupion au roulis, ses cuissots qui ressemblent tellement aux contours de l'Afrique. Un an de la sorte, Paul s'en fait une peine, tellement que, pour quatre jours, lui et la chienne s'offrent une escapade. Denise au Ventoux.
Mais que s'est-il passé à la descente entre Denise et son maître sur les gradins du grand Ventoux?? Subitement les voici face à face, comme jamais, rassemblés dans une calme éternité. -
Il y a devant moi un jour, enfant, la porte d'une maison où j'accompagne ma mère. Ce que j'étais jusque-là est en entier devant. Pour tenter de dire ce qu'est ma langue, c'est le seul début. Elle est ce qui me fut en quelque sorte accordé ce jour-là.?» Telle est l'image fondatrice, la fracture qui inaugure le parcours d'une vie. La narratrice évoque cette tentative jamais achevée d'un arrachement à tous les déterminismes qui nous privent de parler une langue à soi. Nous nous heurtons avec elle à des butées insurmontables mais toujours rivées à un amour premier de la lettre, traversons les tensions intérieures alimentées par des expériences erratiques et diverses qui nous mènent de l'échappée des années soixante aux terres tragiques du Liban et du Rwanda, en passant par des moments d'émerveillement devant l'enfant surpris à s'essayer à la musique du langage.
-
La Voix écrite retrace un cheminement entre médecine et écriture, accompagné par l'amitié d'un vieil homme. Une cartographie intime qui n'est pas sans rappeler les récits autobiographiques des auteurs spirituels. Interrogeant le rôle possible de la littérature dans les temps incertains, ce récit sonde ce qui y résiste et nous soutient, et suit les tâtonnements de cette subjectivité mouvante, sans frontière, que les mots savent si bien façonner et éroder en même temps.
-
Nous nous retrouvions à la terrasse de l'Excelsior. Tous les soirs. Quinze ans, c'était notre âge. L'Algérie était encore colonie française, mais la guerre, sous le nom de «?pacification?», était entrée en scène, balayant le rêve d'Albert Camus d'une union libre entre Algériens et Européens. La première action de masse du FLN eut lieu le 25?août 1955 à Philippeville, où je suis né. La ville basse est envahie par les habitants des hauteurs, Arabes et Berbères. Encadrés par quelques militants FLN, ils sont armés de faux, faucilles, pioches, haches - rares sont les fusils. Plus de cent Européens sont tués. La répression, menée par le colonel Aussaresses, est terrible?: les mitrailleuses abattent sans juge ni procès des milliers de prisonniers dans le stade de la ville. Je n'ai appris tout cela que plus tard. Ce jour-là, j'étais à trois?kilomètres de Philippeville, sur la plage de Stora. Nous ignorions que la guerre avait lieu. La radio, le journal, parlaient de «?rebelles?». Mes amis de l'Excelsior étaient aveugles et sourds, comme moi. Le déni régnait. La mer était si belle, nous étions dans l'ivresse de vivre, et tant pis si tout était faux en Algérie coloniale.
-
Un jour, on entre en Étrange pays, un pays où les jours sont hantés par les nuits - nuits de bloc opératoire, nuits où l'on taille dans la chair, ampute le corps, où l'on transpire la peur. Un jour, on entre en Étrange pays et tout se met à trembler.
Alors on prend refuge dans une lumière, un sourire, un insecte qui déplie ses pattes, une bogue de châtaigne posée sur la table. Dans l'Étrange pays, l'ombre irradie au coeur de la lumière, la mort palpite dans la vie. On réapprend le souffle du vent, la caresse de la lumière sur les herbes, l'infinie tendresse.
Un jour, on entre en Étrange pays et l'on marche, funambule, sur une frontière fragile, on marche dans les campagnes et dans les villes étrangères pour s'assurer : le monde est là, mon coeur.